Je suis plutôt partagé à la suite de mon visionnage de 1900. Puisque j'en retiens d'un côté une oeuvre de la plus grande des beautés, de la plus grande justesse et intelligence, et d'un autre côté une oeuvre trop manichéenne, témoignant d'un engagement parfois grossier, tout en exploitant des métaphores peu subtiles (Bouh le petit chaton...). Mais personnellement, après de nombreuses réflexions, je préfère garder mon sentiment personnel en tant qu'avis au détriment d'une partie de mon honnêteté intellectuelle. Je ne tiendrais donc pas compte du précédent avis que j'ai soulevé.
5 heures de films. Cela impose un rythme lent au sein de cette fresque historique s'étalant sur toute l'Italie de 1900 à la fin des conflits dans ce même pays lors de la seconde guerre mondiale. Au début du film, nous débutons par la fin du récit, pas spécialement original me direz-vous. Mais la subtilité réside dans le fait que nous ne connaissons pas ces personnages, les ouvriers paraissant alors être d'atroces sanguinaires, en opposition bien entendu, à ce que nous verrons plus tard. Mais nous découvrons dès lors toute la présence de Robert De Niro, débordant de présence, et le puissant Donald Sutherland. Deux figures qui berceront le film d'une puissance incroyable.
Puis retour à la naissance. Naissance de deux personnages, le même jour, à la condition sociale opposée. Nous connaissons le personnage qui sera interprété par De Niro, nous savons donc quel rôle il va jouer, mais celui d'Attila précédemment présenté paraît plus abstrait, puisqu'en effet, ce dernier n'apparaîtra qu'après l'heure de film, lorsque les deux personnage interprétés par De Niro et Depardieu deviendront adulte. Bertolucci joue avec le spectateur, avec sa mémoire, sa conception, ou en tout cas, avec la mienne.
L'enfance, première partie du film, sera évoqué de manière très intelligente. Une opposition totale entre ces deux personnages est déjà formée. L'évocation du rapport à la nudité et au sexe est déjà présente, comme à l'habitude de Bertolucci pourrions nous dire, mais ici il s'agit d'enfants, ce qui rend les diverses situations gênantes, particulières. Comme la situation sociale pourrions-nous dire? (j'aime bien surinterpréter)
Cette vision du sexe et de l'étrangeté des relations sera présente tout au long du film. Je me sens obligé d'évoquer le fameux plan où nous pouvons voir sous nos yeux les pénis respectif de Gérard Depardieu et Robert De niro en train de se faire branler. Une scène particulière, à la fois gênante que comique. Mais cette présence renvoie à la fameuse identité du cinéaste, dont la présence du sexe dans son sens que nous pourrions appeler "dégueulasse" était déjà présente dans son précédent film "le dernier tango à Paris", lui aussi d'une grande poésie cela dit.
Et en parlant de poésie, il est à présent tant de parler de l'intérêt principal du film, celui de la capacité de Bertolucci à filmer ces magnifiques contrées italiennes. Ces magnifiques paysages ruraux. Ces décors d'une grande beauté. Ces histoires d'amour respectives mélo-dramatiques, au coeur d'un drame social plus général, d'une grande subtilité, d'une grande puissance, d'une magnifique poésie. Et le travail photographique n'y est pas pour rien. Exprimant tout autant la terreur lors des scènes dont Attila fait l'objet, les décors en intérieur, et ces paysages ensoleillés par un soleil discret, semblant constamment de situer au crépuscule. Tel est l'impression que j'en ai reçu.
La fin demeure selon moi la scène la plus marquante. Soit au retour après ce que nous avions vu au début. Car il révèle toute la critique que Bertolucci veut effectuer ici. Bien qu'il est regrettable d'assister à un tel manichéisme, la beauté et la justesse des relations sociales, ainsi que de l'émotion, me semble être la mieux retranscrite ici. Principalement lorsque les personnages interprétés par Gérard Depardieu et Robert De Niro se retrouvent seuls, à la fin. Représentatif de la beauté de "1900". Probablement une oeuvre majeure dans la filmographie de Bertolucci.