Après trois ans à s’être immiscé dans l’univers Bondien, le réalisateur oscarisé Sam Mendes revient derrière la caméra pour rendre hommage à son grand père, vétéran de la premiere guerre mondiale.

L’intrigue du film se porte donc sur un événement, une histoire se passant lors de ce premier conflit destructeur. Nous y suivons deux jeunes soldats anglais, le caporal Blake et le caporal Schofield chargés tout deux d’apporter un message à un bataillon isolé par delà la ligne de front.

Les vies de milliers de soldats sont en jeu. Le but de la manœuvre, annuler une attaque suicidaire, pensée comme décisive or il n’en est rien. Nous sommes en 1917 et l’Allemagne a connu des défaites certes mais l’ennemi n’est pas encore aux aboies, c’est même tout le contraire.

L’histoire est simple sur le papier, on pourrait s’attendre à un énième film de guerre maitrisé, avec une mise en scène soignée mais ce n’est pas le cas. Mendes se démarque en choisissant le défi technique, l’ambition dans le récit et un cadre, une époque, une guerre qui n’a pas connu autant d’adaptations que le second conflit mondial, en dépit d’un potentiel cinématographique certain.
Le défi technique, il réside dans l’idée de faire un film de guerre en un seul (faux) plan séquence. Une spécialité mexicaine ces dernières années tant les cinéastes Cuaron et Innaritu se sont appropriés le procédé.

Ce film c’est un peu une succession d’épreuves auxquels le réalisateur a dut faire face:

Épreuve n•1 :

Le choix de ne pas porter son attention sur une zone précise, un endroit clos, un simple village, un bâtiment, rend l’exercice particulièrement compliqué. Un gros travail de préparation et une planification rigoureuse apparaissent comme nécessaire en amont. Suivant l’idée du réalisateur, le film ne s’arrête presque jamais et la progression des principaux personnages, se mouvant dans de nombreux décors reconstitués rend le long-métrage réaliste et immersif.

Épreuve n•2:

La Gestion de milliers de figurants...

Épreuve n•3
La météo:
Lorsque l’on recherche une certaine lumière et que l’on tourne en extérieur, il faut savoir travailler malgré des conditions climatiques défavorables
Mendes s’est offert les services de Roger Deakins directeur de la photographie avec qui, il a déjà collaboré sur skyfall et à qui l’on doit la photographie des dernières œuvres de Denis Villeneuve et des frères Coen.
Deakins privilégie la lumière naturelle et le temp couvert/ nuageux.

Cette production britannique est l’occasion d’apercevoir un parterre de stars d’outre manche faire un petit coucou. Mais l’attention se concentre sur les deux caporals et leur progression. Une progression qui se suit comme une course effrénée, rythmée avec très peu de temps morts. Une Course pour les personnages au cœur de l’histoire mais également pour l’équipe du film, la caméra virevolte, passe de main en main, du chariot de travelling à la grue et ne s’arrête jamais.

Techniquement ambitieux, doté de décors impressionnants, le mot qui caractérise le mieux le film, est la « précision », une précision dans l’exécution, un souci du détail sur le champ de bataille. Bien que cette reconstitution soit sans doute encore loin de l’horrible réalité que nos aïeux ont connu. La désolation des no man’s land est parfaitement retranscrite, l’horreur des tranchées, l’humidité, la boue qui colle aux bottes, les rats, la puanteur des corps en putréfaction qui vient saluer nos cavités nasales, est palpable. Cette vision de mort, cette odeur pestilentielle glace le sang et reste, indélébile, dans nos esprits.

Ps: Pour les fans de Game Of Thrones, il est intéressant d’observer le lien de filiation qui concerne deux personnages dans le film.

Ritoncrit
7
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le 11 févr. 2020

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