1917, n'est pas un film de guerre, il a simplement comme thème la guerre mais ce n'est pas son genre.
Je pourrais le démontrer avec l’un des plans visibles dans la bande-annonce.
Lorsque l'un des héros court à vue de l'ennemi vers la caméra lors de l'assaut anglais, au milieu des explosions, et dans un sens contraire à celui de la course de l’assaut. Dans un film de guerre, nous aurions suivie le point de vue d’un héros en train de courir vers la ligne ennemi. Mais ce n’est pas un film de guerre, mais un film sur la camaraderie, entre deux jeunes hommes coincés dans un conflit et dans un présent qui ne les concernent pas, et qu’ils subissent indirectement.
Pour nos héros, la mort et la guerre leur tombe dessus, sans vraiment l’avoir cherché.
Ils commencent paisiblement leur mésaventure dans une prairie, où ils font une sieste au pied d’un arbre, dans une ambiance poétique. Puis ont les appels pour une mission inattendue, et finissent malgré eux au cœur de la guerre, tiré par une caméra qui glisse lentement jusque dans les profondeurs des tranchées.
C'est sûrement ce sentiment que les jeunes hommes du début du 20ème siècle ont vécu. Du jour aux lendemains, ils ont dû abandonner le paradis pour l'enfer.
Et pour nous, jeune homme ou jeune femme du 21ème siècle, nous pouvons nous voir en eux. La guerre menace toujours, mais ce n’est pas trop notre souci, nous n'attendons rien d’autre que de vivre notre jeunesse tranquillement, et pouvoir fermé les yeux sans risquer de se prendre une bombe sur la figure, à l’image de cette prairie du début de séquence.
C'est donc accompagné de ces sentiments et cette comparaison que le film commence, avec des jeunes hommes qui vont se retrouver parfaitement au milieu d'un conflit, avec une responsabilité, celle de délivré un message urgent au commandant d’un autre régiment, pour leurs dire de ne pas donner l'assaut, car ils vont tomber dans un piège. De leur petite vie indifférente, va dépendre la survie d'un millier d'homme.
La quête c’est cette mission, et l’histoire cette page de vie qu’ils vont se partager durant cette aventure, et qui va marquer à jamais cette expérience dans leur vie. Car justement, même en tant que spectateur nous vivons également cette histoire comme une expérience.
Le scénario est très simple, mais cela est volontaire car le film ne raconte pas une histoire mais un souvenir d’une vie, un souvenir de guerre. Et c’est à mon sens ce que vient renforcer le plan-séquence à hauteur d’homme. Et pour le spectateur cela renforce l’immersion. Car le film ce vie comme un souvenir et une expérience de la guerre, enrobé par le lien d’amitié de deux jeunes garçons.
À l'image, le faux plan-séquence est une prouesse technique, difficile de comprendre comment ils ont réalisé ces enchaînements parfaits, la caméra se balade avec grâce et facilité sans coupure net. ça donne envie de le revoir en s’intéressent uniquement à ses mouvements.
Ce plan-séquence nous rapproche également des héros et des décors, nous prenons le temps de respirer avec eux et de se familiariser avec l'environnement.
Le film a beaucoup de surprises visuels et nous propose une approche esthétique inédite du premier conflit mondial. Nous sommes aussi au plus près des nombreux figurants, qui figurent dans les tranchées, chaque figurant est vue comme une victime de plus, même si leur présence ne donne pas forcément plus de vie, aux conditions de vie dans les tranchées. Mais encore une fois, ce n'est pas un film de guerre, les héros ne font que passer.
1917 est donc une expérience de la guerre à vivre évidemment au cinéma, et ces 2 heures de film sont d'une légèreté absolue. Tout donne envie de le revoir, puisqu'il demande plusieurs relectures pour ne rien louper, dans un plan-séquence qui ne s'arrête que rarement.