Ni touché, ni ému, ce qui impressionne d'abord dans ce film de guerre, c'est que - rien - ne fait sens, ni ne produit de l'émotion.
" 1917 " est sec et propre comme une attraction touristique.
Une reconstitution plutôt proprette et pimpante de la sale guerre. Moralement, c'est choquant, voire dégueulasse. Ce qui choque davantage, c'est qu'aucun regard politique, ou moral ne semble donner de l'épaisseur à ce récit de 120 minutes.
Porté par une indigente et impressionnante pré-vente marketing, " 1917 " de Sam Mendes s'appuie essentiellement sur la mise en avant de sa prouesse technique.
Si ce fameux long plan-séquence de 120 minutes épatera le badaud peu cinéphile, il est surtout composé de 6 plans-séquences habilement mis bouts à bouts, pour former une épate technique et filmique qui ne sers ni la narration et n'apportes rien au film.
A contrario, ce procédé nous paralyse et nous prend en otage, nous agglutinant aux personnages, excluant ainsi tout regard plus distant et ému.
Si je suis impressionné en revanche, c'est par le côté bien peigné du film, l'aspect artificiel des décors, des costumes, et le coté très parc d'attractions de la narration :
- Les acteurs sont efficaces, tels des figurines de jeux vidéos.
- La mise en scène, tellement visible et téléphonée...Un film de chef-opérateur en somme.
Le long-métrage, trop visiblement calibré, développe ainsi le - parcours du combattant - d'un jeune poilu se devant de transmettre une information capitale au travers des lignes ennemies Allemandes.
Seule, au milieu du film, une séquence magique et pyrotechnique, impressionnante de beauté et de grâce colorométrique, sauve le film du ratage émotionnel.
Cette séquence est une traversée Dantesque de l'enfer sur Terre, autant qu'une démonstration de bravoure pour son interprète.
Une deuxième frappe encore, celle ou le poilu rejoint un sous-bois, un chant pieusement écouté par une division stationnaire, et, enfin, l'unité militaire amie. Hélas, cette scène, qui ( finalement ) fait cinéma, et nous étreint, arrives t'elle bien tard...
En résumé, " 1917 " est une film surfait, sur-annoncé, visuellement efficace et spectaculaire, stressant, mais creux et sec comme une tranchée sans poilus.