Réalisé par Sam Mendès, récompensé par deux Golden Globes (Meilleur film dramatique et Meilleur réalisateur), le film est construit grâce à un faux plan séquence de presque deux heures où l’on suit le voyage désespéré de deux caporaux britanniques, Scofield et Blake, brillement interprété par George McKay et Dean-Charles Chapman, à travers les lignes ennemies pour sauver les 1600 hommes du 2nd régiment des Devons, dont fait partie le frère de Blake, d’un piège de l’armée allemande qui se refermera dans 16h.
Nos deux caporaux s’infiltrent donc à travers le No Man’s Land et les lignes ennemies pour atteindre leur objectif à temps. Et c’est là que l’intérêt du plan séquence prend tout son sens, ce voyage ne permet aucune pause, si les caporaux n’ont pas le temps de s’arrêter de marcher, alors la caméra n’aura pas le temps de s’arrêter de filmer. C’est donc une véritable chorégraphie qui s’installe sous nos yeux entre les déplacements des acteurs et ceux de la caméra. Et ça fonctionne à merveille, même si le spectateur attentif s’amusera à chercher les coupes qui se cachent dans le décor, même si le spectateur venu chercher sa dose de bain de sang sera déçu, force est de constater que le tour de force mis en place par Mendes et son chef opérateur Roger Deakins à travers ce faux plan séquence est époustouflant. Il est aussi important de souligner l’immense travaille accompli par le décorateur Dennis Gassner sur le film.
Malheureusement cette belle débauche de moyen est un peu entachée par une histoire qui reste très simpliste et assez prévisible dans l’ensemble. On pourra aussi reprocher des personnages au final assez vide et auquel il est donc difficile de s’attacher émotionnellement. Mais le véritable point noir reste pour moi la gestion de la temporalité, véritable victime de ce plan séquence qui ne permet pas de dilatation du temps et questionne à de multiples reprises notre crédulité.
Mais si, comme moi, vous arrivez à passer au-delà de la vacuité d’une histoire si tant est que vous êtes réjouie par la façon dont on vous la montre, vous trouverez votre bonheur dans 1917.
Bien que souvent comparé à Dunkirk, ce n’est pas pour moi un film de guerre à proprement parlé. Bien sur l’histoire prend place durant la 1ère Guerre Mondiale, on y retrouve des codes du genre, mais je le ressens plus comme un essai technique et esthétique qui certes ne plaira pas à tous les amateurs du genre mais qui pourra résonner chez ceux qui cherche à aller plus loin qu’une dose d’action brute.
Pour aller un peu plus loin, je retrouve dans 1917, des sensations assez proches des jeux vidéo de tir qui partagent avec le plan séquence cette continuité dans l’action qui nous immerge dans les horreurs de la guerre.