Ça commençait vraiment très bien. Un parti pris relativement lisse mais soit. Il y a de l'exactitude dans l'espace, le temps, les échanges. Les conversations des deux gaillards sont plaisantes. Rien de fou. Que le banal que nous promet le démarrage vraiment chouette du film.
Première péripétie. On aura déjà pu crier au scandale si on est féru de la période, mais que les férus nous foutent un peu la paix. C'est un film. Et tout va bien.
Et puis un des deux personnages a un problème à base de crash d'avion. Et dans cette scène, des tas de signaux d'alarme s'allument dans mon cerveau de spectateur. Les fameux capteurs de ça va partir en couille. Mais moi je laisse une chance au film.
Plus tard, quelque peu éprouvé par l'absence de dialogues et de ces échanges en duo qui éclairaient mon spectateurisme (si, ça existe, dans une autre galaxie), je vois à la suite d'une enfilade de stéréotypes cependant très bien filmés le héros franchir un pont.
Et la, en trente secondes, tout ce qui était pour le moment très chouette, excusable dans le pire des cas, s'effondre. Le film se dynamite tout seul, un sabordage de fond en comble.
Très rapidement, le héros se fait tirer dessus. Long noir. Moi je me suis dit, le film ça serait bien qu'il se termine maintenant. Genre voilà. Cinématographiquement ça limiterait les dégâts et puis bon. La guerre ça craint, et la mission est foutue, et voilà. Ils sont morts et ça n'a aucun sens, comme tout ce conflit et point barre et poum. Une forme de de courage.
Mais le héros (car le simple soldat du début, un mec normal, auquel on s'attache, devient dorénavant le héros d'un développement dantesque et symboliste poussif et pénible) se réveille et hop.
C'est un grand n'importe quoi à tous points de vue, de la scène sans queue ni tête dans la cave avec une jeune fille équipée d'un bébé anonyme, en passant par les fameuses falaises et rapides qui ponctuent les cours d'eau du Pas de Calais, jusqu'au discours digne d'un John Ford de la fin du calvaire qu'est devenu ce film (il y a un sursaut formel intéressant à ce moment là, même si le fond continue de se noyer tranquillou).
Bref, un film dont le premier quart est admirable. Pour le reste, la déception est encore pire qu'un franc foutage de gueule.