Le cinéma de Sam Mendes a toujours été obsédé par l’esthétisme. Que 1917 nous vende le morceau de bravoure du film tourné en plan séquence n’a donc à ce titre rien de surprenant. Ce qui l’est plus c’est le succès rencontré par cette fresque héroïque plutôt planplan, qui lorgne très clairement du côté de grands succès, Il faut sauver le Soldat Ryan et The Revenant (entre autres), sans jamais s’approcher toutefois de la virtuosité de ses modèles.
Si le savoir-faire de Iñárritu débouchait in fine sur une certaine vacuité, on pouvait cependant se satisfaire d’une forme d’extrémisme narratif, de la sécheresse des enjeux. Rien de tout cela dans 1917, qui peine à faire ressentir (et c’est bien le comble venant d’un projet qui se vend sur « l’immersion »), d’une part l’horreur de la guerre (ce sentiment d’oppression permanente, la peur flottante de la mort), d’autre part le charisme héroïque. N’est pas Spielberg qui veut : la boucherie qui inaugure Il faut sauver le Soldat Ryan est à elle seule une maestria de mise en scène et un tourbillon d’émotions qui laisse le spectateur coi. Jamais Mendes n’effleure, même un peu, le degré de réalisme brutal de ce film-là, préférant instiller ci et là des parenthèses prétendument poétiques (la rencontre avec la française, le chanteur que tout le monde écoute religieusement avant la bataille), mais dont la douceur semble un peu fabriquée, entre deux morceaux de bravoure.
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