Voilà pourquoi il ne faut jamais chercher son appartement sur Internet

Plus j'avance dans cet Étrange Festival, et plus je me dis que les programmateurs font faces à de lourdes galères de logements (comme des millions de personnes en France) tellement ce thème est présent dans la sélection. Consciemment ou pas, je suis content de ce choix.


1BR est un premier long-métrage qui donne l'impression d'avoir été bien mûri et réfléchi avant d'avoir été tourné. Je dirais même que la réflexion et le logos sont au centre du récit.


Le film évoque les gatted communities, ces lotissement élitistes complètement fermés pour l'extérieur et nécessitant cooptation pour rentrer. C'est d'ailleurs une belle façon d'illustrer le repli sur soi qui sévit dans les mégalopoles qui phagocytent des jeunes en quête d'une meilleure vie. David Marmor nous livre ici une critique au scalpel de la société de consommation qui sacralise l'individu au dépend de la communauté, en posant l'individualisme comme remède à nos maux.
Si cela s'arrêtait là, ça serait un peu léger, nous sommes d'accord. Heureusement pour nous, ce n'est pas le cas. L'auteur nous propose une description très précise des angoisses des ces jeunes adultes un peu paumés, un peu sous neuroleptiques, un peu seul, mais qui plongent dans le grand bain de la vie sans bouée. Les faux-semblants en prennent pour leur garde également en nous incitant à nous méfier des lieux commun. Enfin, il évoque ce syndrome de Stockholm qu'on pourrait développer envers un environnement stressant et source de souffrances.Mais pour lequel nous sommes très attachés parce que c'est tout ce que nous avons. Comme un travailleur du tertiaire sur les rotules mais dans l'impossibilité de quitter son job sinon car cela remettrait en cause son mode vie.


Sommes nous heureux ? Est-ce que nous sommes conditionnés à la naissance pour ne pas l'être ou bien le contraire ? Quelle pression mon environnement peut-il exercer sur moi ?


Ces questions sont très présentes tout au long du film et bien sûr aucunes réponses claires ne sont vraiment fournies.


Je pense que 1984 fut une source d'inspiration pour 1BR tellement les deux peuvent se rejoindre.


La tension est maîtrisée tout au long du processus, le récit sait où nous emmener et nous offre quelques scènes graphiques très agréables. L'actrice principale est très crédible dans son rôle et quelques personnages secondaires sortent du lot comme le manager ou bien le solitaire à lunettes. Le dénouement qui aurait pu être casse gueule nous propose une fin cohérente avec le propos.


J'ai adoré ce gros plan sur les poings serrés et ensanglantés sur la protagoniste déterminée et transformée.


Pour conclure, David Marmor est un nom à retenir car il a le potentiel de nous livrer des pépites s'il continue sur sa lancée. Ça serait dommage de passer à côté de son premier film serré par son budget, mais grand dans les concepts qu'il soulève.

Alcalin
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le 7 sept. 2019

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