A l’instar du monolithe noir au cœur de son intrigue 2001 L’Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick est un objet cinématographique intimidant, parfait, mystérieux et indépassable. C’est l’auteur de science-fiction Arthur C. Clarke, qui avait co-écrit le scénario avec Kubrick, basé sur sa nouvelle Sentinel qui le premier se décide à lui donner une continuité littéraire 14 ans après la sortie du film, estimant qu’il n’en avait pas fini avec les mystères du film (il écrira encore deux romans jamais adaptés). Évidemment la MGM dont le film de Kubrick est un des joyaux du catalogue décide d’entreprendre son adaptation cinématographique. Tout aussi logiquement Kubrick ne veut rien avoir à faire avec le projet. C’est finalement Peter Hyams dans la période la plus faste de sa carrière – il vient de sortir le thriller de SF Outland – qui s’attaque à ce projet suicidaire, après avoir reçu l’assentiment de Kubrick et Clarke . L’ironie veut que Hyams ait connu un de ses premiers succès signé en 1977 avec le thriller Capricorn One qui décrit une conspiration pour étouffer une expédition sur Mars bidonnée en studio par la NASA, inspiré de la rumeur qui voudrait que l’alunissage de 1969 fut en fait réalisé en studio … par Stanley Kubrick. 2010 l’année du premier contact se déroule donc neuf ans après les évènements du film original et entre-temps, peu de choses ont changé. Le Discovery est toujours près de Jupiter – tombe froide et silencieuse pour un HAL 9 000 déconnecté sur une orbite en décomposition lente. Le monolithe lunaire a été amené de là sur Terre, mais les scientifiques ne sont pas plus près de percer ses secrets qu’ils ne l’étaient dix ans plus tôt. Pendant ce temps, l’Union soviétique et les États-Unis préparent des missions habitées vers Jupiter avec l’intention d’explorer des phénomènes étranges se produisant sur les lunes voisines de Io et Europe. Le vaisseau spatial des russes étant prêt plus tôt (si évidemment ce 2010 alternatif semble daté aujourd’hui, une de ses prévisions s’est réalisée : jusqu’à cette année les américains pour se rendre à la Station spatiale internationale, devaient emprunter des lanceurs russes car il n’y avait pas de remplaçant à la navette spatiale), les politiciens des deux côtés acceptent d’autoriser trois scientifiques américains à se joindre à la mission à bord de l’engin soviétique Leonov afin que les archives et les banques de mémoire de Discovery soient accessibles. Ce sont le Dr Heywood Floyd (Roy Scheider), l’ancien chef de l’agence spatiale qui se sent responsable de l’échec de la mission initiale, Walter Curnow (John Lithgow), l’ingénieur qui a conçu Discovery et le Dr Chandra (Bob Balaban), le créateur de HAL 9 000 déterminé à comprendre comment sa création a pu prendre ce tournant homicide. Mais les tensions sont fortes entre les deux superpuissances puisqu’une crise au large des côtes de l’Amérique du Sud s’intensifie au point qu’elle pourrait être le précurseur de la troisième guerre mondiale. Alors que les Américains et les Soviétiques travaillent ensemble pour résoudre les mystères du monolithe et forment des liens de confiance – la situation politique entre les deux nations s’aggrave.


A l’instar du monolithe noir au cœur de son intrigue 2001 L’Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick est un objet cinématographique intimidant, parfait, mystérieux et indépassable. C’est l’auteur de science-fiction Arthur C. Clarke, qui avait co-écrit le scénario avec Kubrick, basé sur sa nouvelle Sentinel qui le premier se décide à lui donner une continuité littéraire 14 ans après la sortie du film, estimant qu’il n’en avait pas fini avec les mystères du film (il écrira encore deux romans jamais adaptés). Évidemment la MGM dont le film de Kubrick est un des joyaux du catalogue décide d’entreprendre son adaptation cinématographique. Tout aussi logiquement Kubrick ne veut rien avoir à faire avec le projet. C’est finalement Peter Hyams dans la période la plus faste de sa carrière – il vient de sortir le thriller de SF Outland – qui s’attaque à ce projet suicidaire, après avoir reçu l’assentiment de Kubrick et Clarke . L’ironie veut que Hyams ait connu un de ses premiers succès signé en 1977 avec le thriller Capricorn One qui décrit une conspiration pour étouffer une expédition sur Mars bidonnée en studio par la NASA, inspiré de la rumeur qui voudrait que l’alunissage de 1969 fut en fait réalisé en studio … par Stanley Kubrick. 2010 l’année du premier contact se déroule donc neuf ans après les évènements du film original et entre-temps, peu de choses ont changé. Le Discovery est toujours près de Jupiter – tombe froide et silencieuse pour un HAL 9 000 déconnecté sur une orbite en décomposition lente. Le monolithe lunaire a été amené de là sur Terre, mais les scientifiques ne sont pas plus près de percer ses secrets qu’ils ne l’étaient dix ans plus tôt. Pendant ce temps, l’Union soviétique et les États-Unis préparent des missions habitées vers Jupiter avec l’intention d’explorer des phénomènes étranges se produisant sur les lunes voisines de Io et Europe. Le vaisseau spatial des russes étant prêt plus tôt (si évidemment ce 2010 alternatif semble daté aujourd’hui, une de ses prévisions s’est réalisée : jusqu’à cette année les américains pour se rendre à la Station spatiale internationale, devaient emprunter des lanceurs russes car il n’y avait pas de remplaçant à la navette spatiale), les politiciens des deux côtés acceptent d’autoriser trois scientifiques américains à se joindre à la mission à bord de l’engin soviétique Leonov afin que les archives et les banques de mémoire de Discovery soient accessibles. Ce sont le Dr Heywood Floyd (Roy Scheider), l’ancien chef de l’agence spatiale qui se sent responsable de l’échec de la mission initiale, Walter Curnow (John Lithgow), l’ingénieur qui a conçu Discovery et le Dr Chandra (Bob Balaban), le créateur de HAL 9 000 déterminé à comprendre comment sa création a pu prendre ce tournant homicide. Mais les tensions sont fortes entre les deux superpuissances puisqu’une crise au large des côtes de l’Amérique du Sud s’intensifie au point qu’elle pourrait être le précurseur de la troisième guerre mondiale. Alors que les Américains et les Soviétiques travaillent ensemble pour résoudre les mystères du monolithe et forment des liens de confiance – la situation politique entre les deux nations s’aggrave.


2010 l’année du premier contact poursuit certaines intrigues du chef d’œuvre de Kubrick. Au cours du film, une partie de la solution à l’énigme du monolithe est dévoilée (bien que les extraterrestres qui l’ont créé restent une présence invisible) mais à l’intelligence, comme Blade Runner 2049 de ne pas chercher à tout expliquer (par exemple la nature du Star Child ). Hyams construit un film plus direct qui développe ses personnages plutôt que de chercher à bâtir de nouvelles énigmes. Les deux personnages majeurs de 2001 font leur retour, l’astronaute Dave Bowman (Keir Dullea ) est maintenant le porte-parole fantomatique des extraterrestres, la séquence où il apparait (après une première apparition dans un écran de télévision à son ex-femme) derrière Floyd dans le Discovery sous les différentes formes qu’on lui connait dans le film de Kubrick fait passer un frisson au spectateur et nous replonge dans son atmosphère mystérieuse. Même si le personnage est surtout là pour solidifier la connexion entre 2001 et 2010 la fonction qu’il remplit ici n’étant pas indispensable à l’histoire. Il y a quelque chose chez cet homme qui a atteint un niveau supérieur d’existence qui rappelle le Docteur Manhattan créé deux ans plus tard par Alan Moore dans Watchmen. Personnage le plus mémorable du film de Kubrick, l’ordinateur HAL 9 000 est en revanche au cœur de l’intrigue. Sa réactivation et sa « réhabilitation » par son concepteur sont le moteur d’un suspense intense quand la survie de la mission dépend d’un sacrifice de la part de l’intelligence artificielle dont on connait les tendances homicides. L’ explication qui est donnée des causes de son comportement dans 2001 est plus ou moins convaincante (des ordres contradictoires implanté par l’armée l’ont amené à devenir paranoïaque et à déterminer que la mission pouvait être effectuée sans aucune implication humaine) mais sa disparition dans 2001 en représentant l’apogée émotionnelle, il est agréable de voir l’intelligence artificielle, toujours incarné par la voix monocorde et effrayante de Douglas Rain avoir une seconde chance. Ces séquences sont les plus philosophiques du film avec le choix des astronautes de de dire ou de ne pas dire la vérité à HAL. Son créateur finira par trancher : » Que nous soyons basés sur le carbone ou le silicium ne fait aucune différence fondamentale. Nous devons tous être traités avec le respect approprié ». Si le personnage d’Heywood Floyd est présent dans le film de Kubrick son interprète William Sylvester (trop âgé et sans doute trop obscur) est remplacé dans le rôle principal par Roy Scheider. Pour les enfants des années 70 le visage buriné et cabossé de Scheider reste indissociable de cette époque dont il incarne à merveille le héros à la fois viril mais tourmenté, son autorité discrète et son humanité fonctionnent parfaitement ici. Les séquences avec son fils avant son départ en mission rappelle Les Dents de la Mer. Si sa carrière s’est prolongée jusque dans les années 2000 c’est son dernier grand rôle en tète d’affiche. John Lightgow (qui avait déjà croisé Scheider dans All That Jazz de Bob Fosse) connait une décennie fastueuse qui le verra enchainer Blow Out de Brian De Palma, Le Monde selon Garp de George Roy Hill et deux prestations cultes : la passager terrorisé dans le segment de La Quatrième Dimension réalisé par George Miller et son rôle de savant fou dans le culte Les Aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8e dimension de W. D. Richter, apporte au rôle son énergie frénétique. Traducteur malheureux de Rencontres du troisième type, Bob Balaban ajoute un autre film de science-fiction à son CV, incarnant le programmateur de HAL 9 000. Coté soviétique Helen Mirren incarne le commandant du vaisseau russe une femme attachée à son devoir et arbore une accent russe tout à fait crédible (la comédienne est d’origine russe).


Peter Hyams prend soin de distinguer visuellement les deux œuvres. Il applique aux séquences dans le Leonov, conçu par le célèbre artiste conceptuel Syd Mead (Blade Runner, Tron) une esthétique industrielle qui donne une vision utilitaire de l’exploration spatiale qui tranche avec le design sixties de l’original. Ainsi les décors Discovery sont toujours lumineux et remplis de lumière blanche comme ils l’étaient dans le film original (à ce propos tous les décors et maquettes ont dû être reconstruits puisque Kubrick les avait fait détruire afin que le studio ne puisse pas les réutiliser pour un autre film) alors que sur le Leonov, l’éclairage provient de sources lumineuses d’écrans et consoles informatiques, de plafonniers et des lumières sur les combinaisons spatiales. Si ils n’égalent pas la force iconique des plans que la perfection maladive de Kubrick et du technicien Douglas Trumbull ont engendrés, 2010 offre des moments de brillance visuelle signée d’une autre légende des effets spéciaux Richard Edlund. Ils constituent le meilleur des effets visuels de cette époque pré-CGI (même si le film utilise parmi les premiers effets numériques pour créer la dynamique de l’atmosphère nuageuse de Jupiter, ainsi que l’essaim de monolithes qui engloutit la planète et la transforment en un soleil pour la planète Europe) et de l’incorporation de miniatures. Edlund fut un des piliers du ILM première époque, il travaille sur les trois premiers Star Wars ou avant de fonder Boss Films sa propre société qui signera des effets tout aussi mémorables pour Ghostbusters, Big Trouble in Little China ou Die Hard. En terme de son et de musique, l’approche de Hyams est complètement différente de celle de Kubrick. Il renonce à un espace silencieux et strictement réaliste, nous pouvons entendre les moteurs des vaisseaux ou les explosions bien que tous les sons sont perçus dans les limites de l’habitacle du Leonov. A l’exception du Ainsi parlait Zarathustra de Richard Strauss, dans les génériques d’ouverture et de clôture, Hyams s’appuie sur une partition originale plutôt que d’adopter l’approche de Kubrick consistant à utiliser de la musique classique, ce qui serait apparu comme de la pure copie. Mieux encore, le score composé par David Shire (Les Hommes du président, Zodiac) a été composé et joué principalement à l’aide de synthétiseurs, seules deux compositions comportant un orchestre symphonique. Si chaque film peut être vu séparément, 2010 prolonge 2001 sans affecter le souvenir de l’expérience du spectateur devant celui-ci et presque paradoxalement, si il est perçu comme « inutile », 2010 l’année du premier contact est un solide film de science-fiction qui vaut, comme l’œuvre de son auteur, la peine d’être revisité.

PatriceSteibel
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le 28 janv. 2021

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