Plongez dans l’apocalypse en 1080p, en son et lumière avec comme un petit quelque chose qui se dégage de sale. L’image est comme sale, gonflée, « surchauffée ». On dirait une vieille bande d’une cassette vidéo trouvée quelque part par hasard, qu’on a repiqué, néttoyé, compressé, rehaussé, d’où le résultat qu’on a là. Une image sale qui bave. Je trouve la direction artistique de ce film géniale. Quand à l’histoire elle est classique. Un accident aboutit à une catastrophe. Des activistes pro life un peu bêtes, libèrent des singes dans un labo de recherche, en ignorant qu’ils sont contaminés par un « variant » de la RAGE ! Et c’est assez violent. Le genre film « catastrophe » est tombé en désuétude, tué par les blockbusters, les thrillers, les comédies, le film catastrophe c’est un sous-genre difficile à définir. Dans le film catastrophe il y a un accident, puis on attend le héros, l’élu, le deus ex machina qui va apporter la solution. Ici on passe à la vitesse supérieure. Un étage plus haut, il y a rien de mieux que le film millénariste ou fin du Monde.
Ça a de la gueule ça, la fin du monde. Et idée de génie, au lieu de situer l’action à NY (comme d’habitude), ville emblématique s’il en est, on choisit une autre, Londres, sur une île. Si tu es poursuivit par des zombies sur une île comme l’Angleterre, comment dire… c’est compliqué, surtout pour toi, t’as aucun endroit où te cacher. Le film catastrophe devient ipso facto un Survival. Miam ! Miam ! 28 jours plus tard, c’est le condensé de tous les films d’épouvante passés et résumés en un seul.
Cillian Murphy/ Jim se réveille dans un Londres désert. Que s’est-il passé ? J’sais pas. Où sont-ils passés tout le monde? Hello ! Y’à quelqu’un ? Personne.
Soudain il se met à courir ; pas par amour de la course à pied, non, mais parce qu’il à peur. Il pense qu’on en veut à sa santé. Des gens bizarres lui courrent après. Il rencontre par hasard des « survivants » qui lui expliquent que suite à l’apparition d’un virus très contagieux et virulent, TOUT LE MONDE a été décimé en éç jours plus tard. 28 jours, pardon. Comment rester en vie ? Courir. C’est la seule solution. Il n’y a pas de vaccin comme dans les autres films, pas de héros, rien, seulement 2 Camps. Les survivants qui courent pour rester en survie, (on peut les compter sur les doigts de la main ceux-là), et les infectés (tout le reste du monde) qui court après à la vitess de bzzz l’éclair pour mordre… Si tu es mordu, t’es perdu. T’es un infecté ! J’ai adoré l’idée. Les zombies version 2.0 branché sur du 220V. Ils courrent plus vite qu'Ushain Bolt, au son d'un riff de Métal bien hard. Oh top. Cours ! Ça gicle beaucoup dans 28 jours plus tard. Si vous n’aimez pas la couleur rouge et l’odeur du sang, passez.
J’adoré ce film catastrophe, ou d’épouvante, ou de zombies, ou Survival comme le meilleur du genre, parce qu’il arrive à condenser la somme de toutes les peurs et en faire une caricature brillante. 28 jours est grotesque, et c’est ce qui fait sa force. Grotesque, baroque, excellent. Danny Boyle oscille entre sens du spectacle, formalisme et caricature sans jamais perdre son équilibre, d’où mon 10. Techniquement c’est parfait. Un scénario minimal, et le reste c’est un jeu à la vie, à la mort. Tout l’attirail du parfait illusionniste est mis en œuvre pour nous plonger dans un bain de sensations malsaines s’il en est. Un cadrage « bancal », une image vidéo amateur qui bouge tout le temps pour faire genre amateur. Des plans très simples et cash, inspirés de « tabloïds », frontal, dans ta gueule. Cours ! Et Londres transformée en installation d’art contemporaine à ciel ouvert.
VIDE. Sale. Comme après un accident nucléaire ou l’explosion d’une bombe à Neutrons. VIDE. Comment il a réussit à faire ça, Danny ? Complètement vide. Et ça c’est anxiogène sans même besoin d’en rajouter. Et pour jouer avec nos nerfs un peu plus, on a la bande son qui est d’une trompeuse douceur de vivre, très belle, relaxante même. Excellent.
Et soudain ça s’accélère. Des infectés ! Cours !
Le jour ils sont terrés comme des rats. Ils n’aiment pas la lumière du soleil. La nuit… AOuHHH§§ !!! Défends-toi avec ce que tu as sous la main ! SCHLACKKK … Une batte de baseball c’est bien mais une machette c’est mieux. Cours plus vite ! Et on revient aux origines du cinéma. Le temps lointain où l’image défilait à toute vitesse à l’écran, et où on voyait les gens marcher en noir/blanc en accéléré de manière un peu gauche. Ça faisait rire tout comme ici avec la couleur en plus. ROUGE.
Une dominante rouge, et un dégradé de rouge sang séché. Puis on passe au VERT. La campagne. Les protagonistes ont entendu un appel radio qui invite tous les survivants à se regrouper et rejoindre la résistance. C’est peut-être la voix(e) du salut, qui sait. L’appel du 28 juin du général X ou Y. Rester à Londres c’est être condamné. Autant fuir en volant une voiture volée. Volée ? Mais non. Cette voiture n’a pas été volée. La société c’est finie. Ils sont tous morts ! Le Capitalisme, la société et tout ça c’est mort, ça ne veut plus rien dire. Ils ont volés des victuailles dans un supermarché, et partent sans payer. Mais il n’y a rien à payer. Ce magasin n’appartient plus à personne. Ils sont morts, tous. C’est finit. R.I.P. Amen. Et là le vrai film commence. On passe de Survival à jeu de guerre à la campagne. Nous sommes en guerre.
Nos héros tomberont de Charybde en Scylla. Ce changement en a déconcerté certains, ils n’ont pas aimés. Les gens n’aiment pas le changement. Un Survival doit rester Survival du début à la fin, sauf que c’est pas un vrai survival mais plus un exercice de style un peu survival. Un peu philosophique. Boyle devient philosophe (du pauvre), et nous offre la meilleure punchline du cinéma contemporain destiné à : Tout public. 28 jours est un film tout public ? Ah bon… C’est assez glauque quand même. Des fois j’ai du mal à comprendre. Donc nos héros tombent entre les pattes d’une bande de militaires des forces spéciales surarmées. Les zombies qui vous courent après à 208k à l’heure deviennent accessoires ; eux au moins ne savent pas ce qu’ils font eux, les pauvres.
L’homme n’est plus un loup pour l’homme. C’est un loup tout court, (enragé). Cillian Murphy, Naomie Harris, Brendan Gleeson. On sait ce qu’ils ont dus faire pour rester vivant. On l’a tous vu. Et on sait qu’on aurait fait pareil à leur place. Ils n’auraient pas tenus 14 minutes vivants dans un film pareil. Nous non plus. Et le problème reste entier, malgré le faux happy end…

Angie_Eklespri
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le 29 juin 2021

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Angie_Eklespri

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