28 jours plus tard est sans conteste l'un des films de zombies les plus connus et les plus acclamés, et en même temps il s'éloigne beaucoup du film de zombie classique.
Le pitch rappelle fortement the Walking Dead, mais le film a été écrit en 2000 quand même! Après une introduction où des militants écologistes libèrent des singes de laboratoires infectés par un virus de rage extrême, Cylian Murphy, alors inconnu, se réveille du coma dans un hôpital, 28 jours après que ce virus ai contaminé toute l'Angleterre.
Reprenant les grandes lignes du film de zombies qu'on connait tous (les règles de survie, les petits groupes de survivant, quitter la ville, la recherche d'un remède), 28 change la donne en proposant un récit réaliste, violent, et qui finalement parle d'autre chose que les autres films de zombies.
Au lieu d'avoir des zombies lents qui représentent soit l'abrutissement de la société (Romero) soit permettent de renvoyer l'humain dans son état primaire (plus tard dans the Walking Dead) soit à rien d'autre que de montrer du gore et du massacre (beaucoup de séries B, et quasiment tous les films de zombies), 28 jours plus tard, avec Resident Evil la même année (2002) apporte le concept de zombie rapide et intelligent, et le retour du film de zombies avec ça.
Dans Resident Evil ça vient du jeu vidéo, et ici ça parle de la violence contenue dans chaque être humain. Ici il n'y a pas de morts, mais des malades. Ils ne se décomposent pas. Leurs yeux s'injectent de sang, et ils gesticulent de partout, ne pouvant rien contenir. Un contact avec du sang infecté met 10 secondes à transmettre au malade une rage meurtrière envers à peu près tout. Et c'est de ça que le film parle. De la rage de l'homme. De la façon la plus réaliste possible.
Mais il n'y a pas que ça. Les acteurs sont de parfaits inconnus (à l'époque, maintenant Cylian Murphy et Naomie Harris ont fait du chemin), le numérique naissant permet de filmer en ville et de filmer vite, la circulation londonienne est bloquée, et Danny Boyle réalise le film (le scénario étant signé Alex Garlant, de la part d'un Alex, ça explique la qualité).
Et sa réalisation est fantastique. Comprenez: le monde est vide. Il n'y a plus personne. Et les plans sont larges, les plans durent, et en plus ils sont tous magnifiques. Et c'est rare de voir un film où tous les plans sont léchés à ce point. Mais vraiment tous.
Et quand les infectés arrivent en courant et en hurlant, alors là, ça s'accélère, ça tremble, les plans font pas plus d'1 seconde, la fille tourne la tête, on le montre en 3 plans, chacun à la même échelle, on la voit tourner la tête trois fois, et ça marche bordel de dieu!
Au niveau de la lumière, Boyle nous plonge dans un univers presque onirique, avec des reflets pales, et joue avec les ombres. Beaucoup. Et la pluie.
Et bien sûr, niveau sonore, ça en jette. C'est silencieux ou assourdissant. Les infectés hurlent, secouent... Et ce thème musical n'est pas devenu culte pour rien!
Vous l'avez compris, c'est moins un film de zombie qu'un film transgenre, efficace et culte. C'est rare que tous les aspects d'un film frappent avec autant de justesse, et qu'il n'y ai rien à redire sur aucun aspect. Tout y est parfait. Et cette fin!
Je conseille aussi le making-of, Pure Rage, qui parle notamment des inspirations d'écriture et du lien entre ce qu'il se passe dans le film et les véritables épidémies. Et du tournage.