Voilà à quoi devrait ressembler les teen-movies !

Pour la première fois de ma vie, 2h37 m'a montré un film sur les adolescents avec des Vraies putain d'émotions !!


Ici, la mise en scène, la photographie, la musique et ce genre d'artifices sont volontairement resté dans la simplicité et la sobriété pour mettre le scénario et les personnages en exergue. Hormis une petite poignée de plan-séquences (assez propres d'ailleurs) par-ci par-là, le réalisateur n'ose rien de particulier car cela détournerait l'attention du spectateur.


En quelques mots, 2h37 raconte les vies croisées d'une demi-douzaine d'adolescents dans un lycée sur une journée. "Banal", vous me direz. Et je vous répondrais que si l'on ne regarde que la surface, c'est plutôt juste. Mais la force de ce film réside dans son choix des récits et sa façon de nous le montrer. Car s'il a fait le choix de se placer dans un cadre déjà vu beaucoup de fois, c'est parce qu'il a souhaité se démarquer quant à son contenu.


Fini, les teen-movies de merde où l'apogée dramatique se résume à : "Oh mon Dieu ! Mon amoureux a smacké ma pire ennemie lors d'un Action-ou-Vérité ! Ma vie est foutue !", ou encore : "Mes parents m'ont interdit d'aller à la fête d'anniversaire de ma copine ! Que vais-je faire ?!"
Oui, oui, "Laughing Out Loud", c'est bien toi que je pointe de mon doigt méprisant !
2h37 fait un énorme doigt d'honneur à ces déchets cinématographiques destinés aux gamin de 12 ans pour nous mettre en face de problèmes sombres et réellement durs :


Viols, Suicides, Handicap moteur qui déclenche une humiliation continuelle, maltraitance physique, etc.


On va au cœurs de vrais problèmes et la douleurs des personnages n'en est que plus bouleversante. Par ailleurs, les scènes nous sont montrés avec un réalisme et une impudeur totale. Rien n'est caché. Ce qui permet de multiplier d'autant plus la force évocatrice de ces événements. Pour la première fois, les problèmes des ados m'ont pris aux tripes, leurs vies m'ont secoué et ému.
Voilà un réalisateur qui a des boules !


Alors, évidemment, cette façon totalement crue de nous montrer la souffrance des personnage combinée à des instants de traumatismes osé donnent au film une obscurité qui fricote avec le glauque. A l'instar des films de Gaspar Noé, 2h37 a donc souffert de critiques virulentes concernant cet aspect. D'aucuns décrient une cruauté provocatrice, voire un trash inutile. Mais personnellement, je pense que ceux qui en viennent à tenir ces propos sont simplement trop enfermé dans un monde gentillet. C'est pourquoi ils s'offusquent dès qu'on ose leur montrer quelque chose d'un peu plus osé. Etant un grand admirateur de Noé, je ne peux qu'appuyer ceux qui n'hésitent pas à mettre en image des scènes choc et particulièrement sombres, du moment cela sert un dessein précis, bien sur. Ce qui est le cas, en l’occurrence.
Ils ont voulu briser le vitrage opaque du politiquement correct, nous montrer de la vraie souffrance. Objectif parfaitement réussi. J'adhère totalement.


Cependant, cette oeuvre ne se résume pas seulement à ses scènes dures, car elle a aussi su utiliser à bon escient la technique d'opposition. A savoir, mettre en parallèle des scènes attendrissantes et des violentes pour intensifier l'obscurité de ces dernières. Je pense ici à un passage en particulier qui m'a beaucoup touché :
Il s'agit de la fin, lorsque les élèves parlent de Kelly, suite à son suicide. Il y a un plan où c'est elle même qui parle, elle raconte, toute en sourires émus, la rencontre avec son petit cousin encore très jeune qui imitait un tigre, elle nous raconte à quel point elle trouvait cela tendre et amusant. Et c'est terriblement beau car on l'y voit heureuse et souriante, alors que l'on vient d'assister à son suicide, déchirée, brisée et en larmes.


Voilà, j'admire ce film car il nous prend vraiment aux tripes, ils offre des émotions très fortes, renforcée par de bons jeux d'acteurs (Même le doublage VF est bien fait !). Une forme très classique pour un fond qui l'est beaucoup moins. Je conseille tout de même aux âmes sensibles de s'abstenir, pour les multiples raisons susmentionnées. Quand aux amateurs de films fort, qui n'ont pas froid aux yeux, allez-y sans hésiter.


Je sais que je l'ai déjà dit dans le titre, mais c'est à ça que devrait ressembler les teen-movies !

Yoho_Batman
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le 7 oct. 2015

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Yoho_Batman

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