300 : La Naissance d'un empire, ou quand la surprise vient d'un projet pourtant promis à la nullité en 3D... Parce que oui, au départ, c'était mal barré : étant donné son final, 300 pouvait tout à fait s'accommoder d'une suite, mais le côté "on prend un réal inconnu et on le met à la place de Snyder qui a d'autres chats à fouetter et va se contenter de produire, soit pas du tout une garantie de qualité" n'était pas rassurant. L'arrivée d'Eva Green au casting intriguait, mais on l'actrice gère plutôt mal sa carrière... Bref. Et pourtant, en tant que suite, le film fait partie du petit cercle de réussite-surprise, aux côtés d'un 28 semaines plus tard, par exemple. Pas transcendantal, mais bien peinard.
Puisque votre serviteur est un peu crevé, et qu'on n'a pas affaire au nouveau Greengrass non plus, la présente critique optera pour le jeu assez facile des "pros and cons". Ou plutôt l'inverse.
Ce qui ne le fait pas trop :
- Un emballage très fidèle à celui de 300, mais qui ne parvient pas vraiment à s'en démarquer, malgré un jeu de teintes très différent ;
- Un festival de dialogues un peu bidons qui limitent l'entreprise au statut B ("mais ça va être un carnage, Themistoclès !" "Euh... ouais, ça va l'être.")... ;
- Un acteur principal (Sullivan Stapleton) beau et vigoureux et dépoitraillé et bien entraîné, mais manquant de charisme, ce défaut devenant un sérieux problème lorsqu'on se rappelle Gerry Butler/Leonidas ;
- Le côté "jeu vidéo", non pas de la réalisation comme le lui reprochent certains, mais plutôt de l'écriture des bastons, qui suit une logique de "boss de fin de niveau" parfois un peu énervante : cf. les vaillants guerriers grecs qui débaroulent une tétrachiée de spadassins perses, mais se font dégommer en trois secondes dès qu'ils tombent sur un général ou sur la garde personnelle d'Artémis... ;
- Un sang numérique parfois grotesque mais en mal (lorgnant du côté du bis rital, mais en encore plus faux) ;
- Le même délire anachronique sur la liberté et blablabla, bien trop moderne pour l'époque, mais bon, ça, à la limite, on s'en fout ;
- La musique arabisante sur chaque apparition du roi Darius (hohoho~) ;
- Lena Headey en meneuse de bataille, totalement ridicule (et pourtant, on l'aime, la Lena) : quand l'agenda féministe hollywoodien sombre dans l'absurde (ce qui arrive souvent ces derniers temps).
Ce qui le fait grave :
- Un emballage qui ne se démarque pas vraiment du film de Snyder, mais garantit au moins une chose : le fan de 300 a de grandes, grandes chances d'adhérer ;
- Le choix des batailles navales, assez couillu, tant en terme visuels que logistiques (même si l'essentiel du spectacle est "faux") ;
- L'énergie et l'harmonie de l'ensemble : pas un temps mort, et pourtant pas un moment où on se dit "bon, ça va, là, ils commencent à me saouler". De ce fait, quand ça part dans des embardées lyriques, comme à la fin, on adhère pas mal... ;
- En remerciant aussi la bande originale ultra-efficace de Junkie XL !
- Le fait que le film assume sa nature de série B, et l'embrasse à pleine bouche, excusant pas mal des défauts précités comme la relative médiocrité des dialogues ;
- Un travail d'effet spéciaux par moment un peu grossier, mais généralement fort réussi ;
- Sans surprise, la déesse brune Eva Green, born to be a bad girl. Son jeu manque un peu de second degré (un dosage hansgrüberien aurait été parfait), mais ça colle plutôt bien au film, grave comme une crise cardiaque ;
- Ses seins, à défaut du reste (ceci dit aisément accessible ailleurs). Ils ne suffisent pas à sauver une embarcation condamnée (aaah, Camelot !), mais font du bien quand même.
- Le romantisme sauvage qui parvient par moments fugaces à émerger de l'océan de bourrinitude consommée.
- Voilà, quoi.