Un spin-off au récit original, c'était pas gagné !

Par Jean-Nicolas D.

300 avait su nous donner une certaine claque en 2007, de part ses images, ses slow-motions à couper le souffle, son esthétisme original, mis au service d’un récit contant un moment historique trop méconnu… L’idée d’en faire une suite, sortie sept ans plus tard a attiré du monde, il faut dire. Maintenant, il faut voir si ce dernier est à la hauteur de l’original.
 

Premièrement, je tiens à dire que l’idée de faire des suites de ce type pour faire encore plus d’argent n’est pas le genre de chose que je soutiens : 300 nous racontait une histoire sur trois cents spartiates partis au combat pour défendre leur Sparte et leur dévotion envers la liberté, et qui avaient péris face aux hordes innombrables du roi Xerxès. L’histoire devait en soi s’achever à la fin-même de ce film. Si on y réfléchit, ce titre s’applique en effet uniquement à quelque chose de spécifique au premier film. Alors pourquoi en faire un deuxième. L’intérêt peut être d’observer les conséquences qu’ont engendrées les actes de ce premier film. Avant de voir cette suite, je ne savais pas trop s’il s’agissait d’un préquel, d’une suite… les rumeurs divergeaient. Eh bien je dirais au final qu’il s’agit d’une sorte de spin-off, qui offre une continuité (la deuxième partie du film se déroulant après les événements de 300) au récit original (il y a aussi, ne pas oublier, un petit moment de flash-back servant à expliquer les origines des conflits gréco-perses). Après, bien sûr, cela peut déranger dans le sens où l’histoire ne tourne cette fois plus autour des Spartiates, mais plus autour des Athéniens (malgré le lien montré entre les deux). On découvre alors un nouveau héros, interprété par Sullivan Stapleton qui joue son rôle convenablement ; mais il faut cela dire qu’il ne remplacera jamais le grand Léonidas, interprété par Gérard Butler ! La grande question que je me posais régulièrement durant le visionnage de ce nouveau film était : ce film est-il dans la lignée de l’original ? Il ne faut pas oublier que le scénario est signé Zack Snyder (entre autre), qui avait réalisé 300, et avait participé à son l’écriture également. En voyant la suite, on remarque que Snyder et ses collègues ont tenu à la rattacher au maximum à l’original, de part l’apparition et même l’implication de plusieurs personnages-clés de ce dernier : la reine Gorgô (Lena Headey), Xerxès évidemment (Rodrigo Santoro), Dilios (David Wenham), Daxos (Andrew Pleavin), faisant de nombreux liens qui se révèlent utiles, efficaces et mêmes « jouissifs » durant la partie spin-off. De plus, ces personnages continuent à être utilisés postérieurement, comme à la fin, lors de l’arrivée des Spartiates soutenant les Athéniens (je dois avouer que je n’aurais jamais cru que la reine Gorgô savait se battre, ils n’avaient surement pas pensé à ça dans le premier film, mais cela lui donne un côté « sexy » pour ma part) et annonçant le retour de leur implication et de leur importance dans la guerre du récit de ce qui se révèle être une trilogie ! Ainsi, le rattachement assez récurrent au premier film a du mérite, tout en nous offrant une autre histoire à raconter. Cela dit, j’ai fortement ressenti personnellement une assez grande différence entre l’univers de chacun des films, le changement de réalisateur étant en partie responsable (et pour moi, le film est une œuvre beaucoup moins singulière que 300). Je trouve que les deux films ne sont pas si similaires et partagent des enjeux différents. Il faut dire que dans 300, on se plaçait uniquement du point de vue spartiate, point de vue qui se révèle ne pas être adoré de tous les grecs, notamment des athéniens, avec lesquels une nouvelle vision est donnée dans 300 : la naissance d’un empire. Ce dernier film nous propose un point de vue plus large sur la notion d’union, d’entraide, ainsi que sur la liberté.
Globalement, le scénario m’a convenu amplement, de part les moments alternés entre les Athéniens, les Spartiates ainsi que les Perses n’oublions pas, notamment aux côtés de Xerxès dont on découvre mieux ses secrets, ses faiblesses,… ainsi qu’Artémise, interprétée par l’impressionnante actrice française Eva Green, nous surprenant un peu plus au fil de ses films lorsqu’on se rend compte de la polyvalence dont elle est capable à jouer des rôles très variés ! Son personnage d’Artémise a été pour moi un bon choix pour 300 : la naissance d’un empire, nous offrant un personnage stéréotypé (il faut le dire) mais qui va en concordance avec l’atmosphère et à l’histoire du film (c’est par ce personnage que Xerxès se révèle plus vulnérable). Cette femme sublime et diabolique est au service de nombreux moments clés et intenses du film (on n’oubliera pas la fameuse scène de séduction entre elle et Thémistocle. Sa psychologie antipathique, mêlée à sa beauté trépassante opérant et efficaces dans une suite telle que 300 : la naissance d’un empire.
Autrement, j’ai personnellement adoré les scènes de bataille, les trouvant captivantes, intenses, et qui le sont entre autre grâce à des réussites techniques !

Un point que la suite de 300 n’a pas oublié vis-à-vis du premier est l’utilisation des longs slow-motions, totalement en accord avec le film de Zack Snyder. Ces slow-motions nous offrent à contempler les combats sanglants entre Grecs et Perses. Le parti pris sur l’esthétisme garde une certaine indépendance par rapport à 300, tout en conservant un minimum des utilisations de traitements colorimétriques et lumineux, de part une postproduction bien travaillée. Les scènes de batailles nous offrent la violence et le sang attendus dans ce film.

L’implication de la musique est importante dans le film, le compositeur n’étant plus Tyler Bates mais Tom Holkenborg (Junkie XL), mais reste moins emblématique que dans le premier film. Malgré cela, elle s’affirme comme vraie démultiplication des émotions et des ressentis dans ce film, on se souviendra de la mélodie fantastique issue de la chanson-rock War Pigs de « Black Sabbath », utilisée à plusieurs reprises dans le film (et dans la bande annonce), utilisée en coalition avec un décor sonore qui sert durant tout le film à une plongée et un maintient dans l’univers d’une guerre bouleversante (brodée et surnaturalisée évidemment).
 

Je conclurai ce sujet en disant que pour moi, 300 : la naissance d’un empire est une suite qui a le mérite de rester crédible et d’être fidèle au film original de Zack Snyder, avec cela dit un univers et des enjeux différents, nous faisant découvrir des nouveaux personnages attractifs et menant à des scènes spectaculaires mis en avant par un aboutissement technique de 300, nous offrant des images et des sons immersifs dans un film hollywoodien qui pour le coût est intéressant.

Jean-Nicolas D.
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le 9 mars 2014

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