Je n'avais pas adhéré au film dès la première vision il y a maintenant 7 ans. Aujourd'hui, je relève encore plus de défauts, et c'est vraiment triste.


Déjà, la référence de Olivier Marchal, c'est Michael Mann. N'étant pas fan du gaillard américain, c'est mal parti. Soit. Le scénario de "36 quai des orfèvres" n'est pas très brillant. Les dialogues sont un ramassi de punchlines ridicules, le genre qu'on voit dans les VF de films d'action. Surtout que l'auteur y tient à ses dialogues et insiste lourdement dessus (gros plan et articulation parfaite du comédien). L'histoire en elle-même part d'une idée pas mauvaise en soi, mais le traitement comporte quelques lourdeurs et des pertes de rythme (à savoir cette longue ellipse durant laquelle le personnage de Daniel Auteuil est en prison). Comme dans un Michael Mann, il y a ce côté réaliste mal assumé puisqu'il dépeint des scènes qui n'auraient jamais lieu en vrai et on a peine à y croire. Ça fait un peu con-con surtout quand je me dis que même "Batman Begins" me semble plus crédible dans le genre réaliste.


Mais c'est surtout par la mise en scène que l'ex-flic foire le plus. S'il a la chance d'avoir un chef op qui sait tenir une caméra et respecter les choix esthétiques du réal (à savoir copier Michael Mann), il ne sait par contre pas mettre en scène et encore moins mettre au point un découpage. Les scènes les plus importantes et qui demandent donc un traitement plus léché, et dont la lisibilité doit être parfaite, sont systématiquement bâclées. Par exemple, la scène où le personnage de Depardieu fout en l'air une embuscade, on ne comprend rien à l'action qui se déroule sous nos yeux ébahis, il n'y a aucune gestion de l'espace, on voit des gens tirer sur d'autres, mais impossible de savoir d'où ça vient, pareil pour les voitures qui arrivent, elles semblent débarquer de nulle part. Autre exemple, la scène du crash de voiture. Olivier y montre toute son incapacité à réaliser un film. Il ne sait pas quoi faire avec la caméra et opte pour la facilité, vue subjective, ralenti, fondu au noir... avec un peu de son rappelant celui d'un crash, et une musique bien lourdingue. Si le scénario n'était déjà pas super réaliste, la mise en scène va encore plus loin, avec des aspects dramatiques exagérés, une utilisation de la musique sans aucune subtilité, et une utilisation d'effets de style qui ne veulent rien dire (les ralentis qui ne servent à rien sont ce qui reviennent le plus souvent).


Bref, je ne suis pas fan de Mann mais au moins il sait mettre en scène avec classe, je le reconnais volontiers. Olivier Marchal n'a par contre pas une once de talent pour cela, et se vautre lamentablement dans un récit insipide et prétentieux. Seul bon point du film (à part la photographie et des acteurs qui font de leur mieux) : Depardieu peut voir ses orteils sans se pencher.

Fatpooper
3
Écrit par

Créée

le 17 juil. 2012

Critique lue 2.1K fois

12 j'aime

10 commentaires

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 2.1K fois

12
10

D'autres avis sur 36 quai des Orfèvres

36 quai des Orfèvres
Val_Cancun
8

La guerre des polices

Après un premier film très prometteur mettant l'accent sur des dialogues fleuris au sein d'un quasi huis-clos ("Gangsters"), Olivier Marchal passe la seconde avec "36, quai des orfèvres", parvenant à...

le 25 mai 2021

14 j'aime

3

36 quai des Orfèvres
Fatpooper
3

Les gros sabots de Marchal

Je n'avais pas adhéré au film dès la première vision il y a maintenant 7 ans. Aujourd'hui, je relève encore plus de défauts, et c'est vraiment triste. Déjà, la référence de Olivier Marchal, c'est...

le 17 juil. 2012

12 j'aime

10

36 quai des Orfèvres
19fox64
8

36 ... The Number of the Beast

«36 Quai des Orfèvres» est un film assez intriguant au départ. Considéré à sa sortie comme le «Heat» français, il a acquis une belle réputation depuis, certains critiques n'hésitant pas à dire qu'il...

le 4 sept. 2014

11 j'aime

6

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

101 j'aime

55