Martin McDonagh jusque ici n'avait que deux films à son actif, le plutôt très bon et délicat In Bruges que je devrais sans doute revoir et 7 Psychopaths découvert tout récemment et qui se trouve être je pense assez brouillon, très verbeux et finalement pas très très intéressant.
Il revient cette année avec 3 Billboards, Outside Ebbing, Missouri qui le placera sans doute plus durablement dans la liste des réalisateurs à suivre en tout cas par les critiques si l'on se réfère aux éloges et multiples nominations et récompenses reçues par le film.


L'histoire est celle de Mildred (Frances McDormand) qui 7 mois après la mort par assassinat de sa fille décide d'installer trois panneaux a la sortie de la ville d'Ebbing dans le Missouri. D’où le titre un peu à rallonge mais au moins c'est clair.
Ces panneaux donc mettent en cause directement les enquêteurs de la police de la ville d'Ebbing et plus particulièrement le chef Willoughby (Woody Harrelson)
Nous suivrons alors les conséquences de cette installation sur la vie familiale de Mildred, mais aussi les répercussions que ceux ci auront sur les habitants et les policiers directement épinglés.
Le tout pourrait paraître extrêmement pesant mais ça ne l'est pas le moins du monde en tout cas dans sa première partie ou le tragique de la situation et de l’enquête se mêlera habilement a un coté bien plus drôle portée par un humour de situation et surtout d'excellents dialogues. Les échanges entre le personnage principal et différents persos secondaires montrant une capacité de la première interessée a cacher son mal-être en envoyant chier quasiment tout le monde par des piques assez jouissives. Malgré ça je dois avouer que parfois je suis sans doute passé a coté de certaines répliques tant celles ci fusait par moment et que donc je n'ai peut-être pas ri autant que j'aurais pu l'espérer.


Les acteurs principaux et même secondaires pour leur part délivrent une prestation irréprochable et ont tous un intérêt bien dosé dans l'avancement de l'intrigue ou le cheminement des principaux acteurs du récit. Mais c'est surtout McDormand, Woody Harrelson et Sam Rockwell qui portent le film. La première marque par son caractère entièrement déterminé a faire avancer l’enquête et retrouver l'assassin de sa fille quitte a passer par des moyens parfois extrêmes et qu'il conviendra a chacun d'approuver ou non sans que l'on ne perde l'affection qu'on peut porter a cette femme. Le second est un policier n'ayant pas été très efficace lors de l'enquête mais qui aura été plein de volonté même si nous ne l'apprendrons que plus tard. Les lettres écrites par lui et qui feront basculer le film dans un engrenage beaucoup plus dramatiques nous le présentant véritablement comme le sage de l'histoire et une véritable antithèse de la folie que déploieront les autres protagonistes.
Mais c'est le personnage interprété par Sam Rockwell qui pour moi s'est détaché, l'acteur livrant dans le rôle de l'officier Jason Dixon qui bien qu'il soit complètement raciste assez bête et impulsif
( une scène restera d'ailleurs en mémoire montrant tout le dégoût que l'on est en droit d'éprouver pour lui) une prestation assez extraordinaire tant il parvient tout au long du film a ce qu'on ne lui en veuille pas (enfin pas trop) de ses agissements et qui trouvera même plus ou moins une sorte de rédemption à la fin du film peut être seulement gâchée par cette fin ouverte mais très intelligente concernant le propos du film.


La mise en scène reste assez classique quoi que très efficace et nous permet de se mettre en empathie avec Mildred et d'éprouver le même sentiment d'énergie et de combativité qu'elle même cherche a donner, au moins publiquement. Ainsi nous la voyons dominer dans les échanges la plupart des personnages masculins qu'elle rencontre (Welby, le prêtre, Dixon dans le comissariat), mais en privé elle semble moins sûre d'elle et se poser davantage de question quant a sa responsabilité dans la mort de sa fille.
La photographie est assez jolie mais il n'y a mon sens pas grand chose à en dire si ce n'est lors d'une scène ou elle se fait plus marquée (la scène du feu : spoiler)
Enfin la musique est très bonne comme toujours j'ai l'impression avec Carter Burwell que j'apprécie de plus en plus en plus. Certains morceaux tels le thème principal ou "Billboards on Fire" pouvant très s'écouter séparément du film et il ressort de cette BO un coté similaire a ce que ce même Burwell à pu faire pour Fargo. Ce n'est pas le seul aspect du film qui s'en rappoche cela dit, mais McDonagh semble mieux maîtriser cette inspiration que celle de Tarantino dans son film précédent.


Au final c'est un film fortement recommandable avec un propos certainement plus fin qu'il n'y paraît et des personnages parfaitement écrits et campés. Toutefois il manque une originalité dans le traitement et que des lourdeurs sur certaines scènes m'ont un peu gêné mais je chipote peut-être et j'y retournerai peut être malgré le nombre de film a voir prochainement.

Martial_Le_Sommer
8

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le 23 janv. 2018

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