Le roman de Mildred Hayes

Je ne pensais pas vraiment écrire de critique au départ, mais, en écrivant ma petite annotation, je me suis aperçue que j’avais envie de dire quelques petites choses…

(Pas vraiment de spoil, mais j'ai mis des balises "au cas où")

Three Billboards Outside Ebbing, Missouri n’est pas, contrairement à ce que voudrait nous faire penser le titre du film en français, à proprement parler un « film de vengeance ». Il s’agit plutôt d’un combat, celui d’une mère, contre un système judiciaire bancal voire incompétent, contre l’inaction de la société, mais surtout, d’un combat contre le deuil, parfois dans la violence souvent dans la provocation.

Le film parvient totalement à montrer une Amérique profonde, une violence omniprésente (dans des actes, des paroles, dans les relations entre personnages), des personnages variés aux multiples facettes (dans une certaine mesure toutefois) et un personnage principal tout en nuances, à la fois fort et sensible. Les images sont plutôt belles et participent à l’implication du spectateur, à ce qu’il s’attache à l’histoire et aux personnages. Les acteurs sont extrêmement convaincants et méritent tous les prix d’interprétation possibles.

Toutefois, j’ai tout de même quelques réserves à émettre au sujet du traitement de certains personnages, qui ne me semblent pas totalement crédibles tout le long du film. Certes, des revirements de situations ou des événements inattendus peuvent faire en sorte que des individus changent d’avis, mais que la quasi-intréaglité de leurs comportements soient profondément altérée me parait à peu près impossible et relève dès lors d’une petite facilité.

On pourra défendre ce traitement du personnage en mettant en avant le fait que c’est une bonne chose qu'il ne soit pas manichéen. Et, forcément, ça l’est ! Le passage de l’un à l’autre me semble simplement trop rapide. A l’opposé, le « gentil » flic est la bonté incarnée, aimé de tous, compréhensif même lorsqu’il est attaqué personnellement. Il semble presque parfait… trop parfait (même s’il a vraisemblablement foiré son enquête).

Un autre point qui me laisse un peu dubitative est l’emploi fréquent de l’humour, qui, au départ est plutôt soulageant et « détend l’atmosphère ». Pouvoir sourire quelques fois au milieu de cette sombre histoire est bien appréciable, mais (je ne sais pas si c’est dû au public de la salle dans laquelle j’étais) à certains moments, j’ai trouvé que c’était un peu malvenu, voire gênant. Et ce, que ce soit au niveau des situations (était-ce bien nécessaire d’ajouter une « blague » dans ce moment tragique ?) ou des « blagues » en elles-mêmes (est-ce véritablement drôle ?).

Ainsi, Three Bilboards est certainement un bon film, sans doute même un des meilleurs de ce début d'année et mérite d'être vu (ne serait-ce que pour Frances McDormand, vraiment épatante) mais souffre tout de même de quelques défauts.