Pour raconter son nouveau triangle amoureux, Benoît Jacquot a troqué le château de Versailles et la Révolution Française pour un environnement moderne plus sobre. Un homme tombe amoureux d'une femme, puis épouse sa sœur alors qu'il est toujours amoureux de la première. Les trois cœurs du titre seront mis à mal par une situation vaudevillesque que Jacquot trouve loin d'être drôle. Quand le mélodrame devient tragédie humaine.


La Tour Eiffel ? Non, trop cliché. Les Jardins des Tuileries ? Pas mieux, mais tant pis. C'est à ce rendez-vous donné une semaine auparavant par un inconnu rencontré dans la rue que Sylvie attend, ponctuelle, l'arrivée de son récent coup de foudre. Espoir déçu, il ne vient pas. Lorsque celui-ci, Marc, arrive avec un retard dû à un petit infarctus, il ne reste que deux chaises, récemment abandonnées par Sylvie et son sac. Des semaines plus tard Marc s'installe avec Sophie et commence une nouvelle vie de famille. Dans son nouvel appartement il a déjà ses habitudes, notamment une chaise peu confortable préférée à un fauteuil où il aime simplement s'asseoir. Une chaise qu'il n'aurait jamais connu s'il s'était assis sur celle des Tuileries, que Sylvie lui avait gentiment réservée.
Et si... et si... Benoît Jacquot aime jouer sur ces choix qui dictent nos vies. Et si Marc était arrivé à l'heure ? Et s'il avait monté plus tôt les escaliers de sa future belle-mère ? Trop de suppositions qui asphyxient un peu cette histoire et la rendent malheureusement trop peu réaliste. Mais Benoît Jacquot peut remercier ses comédiens. Le trio (avec une Charlotte Gainsbourg nettement au-dessus du lot) délivre un jeu puissant et fait fuser les émotions.

Ce qui aurait ressemblé à une comédie à la Feydeau chez Woody Allen a des aires de véritable thriller amoureux chez Benoît Jacquot. Et c'est ce traitement peu banal qui donne à 3 Cœurs toute son originalité. Le cinéaste revisite le classique Elle et Lui en substituant le rire et la joie par les larmes. Le résultat est une complexe étude des sentiments amoureux. Comment aimer deux personnes à la fois sans trahir l'autre ? C'est le dilemme auquel sont exposés Sylvie et Marc, avec les conséquences tragique qu’engendre cet hasard des choses.


Avec 3 Cœurs Benoît Jacquot renoue avec le mélodrame, l'amour côté larme. Malgré un scénario qui manque de panache, le film nous entraîne dans une spirale de sentiments et d'émotions portée par des comédiens au sommet.
JimAriz
7
Écrit par

Créée

le 10 oct. 2014

Critique lue 371 fois

2 j'aime

JimAriz

Écrit par

Critique lue 371 fois

2

D'autres avis sur 3 cœurs

3 cœurs
adamkesher01
3

Vérité nulle

Tout ce que la bande-annonce de "3 Cœurs" laissait présager de mauvais y est. Un récit formaté et bâclé à la fois, des acteurs enfermés dans des rôles extrêmement redondants et une mise en scène...

le 20 sept. 2014

22 j'aime

11

3 cœurs
Velvetman
3

On s'ennuie la nuit en province

Manger sainement, ne pas trop fumer et vous aurez le remède miracle pour ne pas rater votre vie et ne pas connaitre des désillusions qui vous hanteront jusqu’à la fin de votre vie car un infarctus...

le 2 oct. 2014

12 j'aime

4

3 cœurs
pierreAfeu
8

La femme d'à côté

Avec 3 cœurs, Benoît Jacquot signe une sorte d'acte de foi. Il faut en effet croire au cinéma pour réaliser tel mélo, drame bourgeois hors du temps et en équilibre qui ne tient que par les...

le 28 août 2014

12 j'aime

1

Du même critique

Cannibal Holocaust
JimAriz
2

Une horreur sans nom

Cannibal Holocaust est très vite devenu archi-culte grâce aux nombreux scandales qu'il a suscité. Interdit aux moins de 16 ans dans sa version censuré. Accusé d'avoir réalisé un snuff-movie, le...

le 6 nov. 2011

19 j'aime

8

Restless
JimAriz
8

Une douceur...

Ah ! Le cinéma de Gus Van Sant, ces images, ces musiques qui bercent ces adolescents en marge de la société... C'est cette fois-ci traité avec beaucoup de légèreté malgré l'image de la mort ambiante...

le 24 sept. 2011

18 j'aime

La Mouette
JimAriz
9

Critique de La Mouette par JimAriz

"Je suis une mouette" s'écrit Nina en toute fin de pièce. En effet, elle et tous les autres personnages de cette pièces incroyable de Tchekhov, ne sont rien d'autres que des mouettes. Des oiseaux...

le 5 avr. 2013

14 j'aime

2