Depuis longtemps, on faisait remarquer à Maria Bäumer sa ressemblance frappante avec Romy Schneider, l'incitant à l'incarner à l'écran. Mais depuis longtemps, l'actrice allemande refusait, de peur de se retrouver dans un biopic forcément réducteur. Jusqu'à ce projet de 3 jours à Quiberon, comme une photographie instantanée de l'interprète de Sautet à un moment où elle semble en pleine remise en question, rongée par la culpabilité et les excès divers. De fait, ce n'est pas un portrait de la comédienne mais de la femme que propose le film d'Emily Atef, un peu fantasmé et pas mal réaliste si l'on en croit les biographies consacrées à la plus grande star européenne de la fin des années 70. Cernée par les tragédies, traumatisée par ses remords de ne pas être une "bonne" mère, Romy Schneider s'expose avec sincérité au feu des questions d'un journaliste allemand qui ne la ménage pas et l'attaque brutalement sur sa vie privée. Et aussi sur cette "trahison" qu'est pour lui et une grande partie du public de son pays, son passage en France pour des rôles qui n'avaient plus rien de la candeur sucrée de Sissi. Le film plonge dans l'intime d'une star avec une pudeur qui n'exclut pas une certaine rudesse même si, au final, le portrait se fait de plus en plus attachant, au plus près d'une femme capable de joies soudaines, qui lui donnent ce sourire lumineux, mais fondamentalement inapte au bonheur en tant que tel. Tous les chagrins mènent à Romy, hélas, avec une vie marquée par des morts soudaines autour d'elle. Dans ce rôle, Maria Bäumer est tout bonnement époustouflante et cela n'a rien à voir avec un quelconque mimétisme et un peu seulement à sa ressemblance physique qui n'est d'ailleurs pas constante. Le film accorde aussi suffisamment d'espace aux autres protagonistes, son amie allemande, le photographe et le journaliste. La mise en scène, sobre mais parfaite, s'appuie sur un noir et blanc idéal pour capter le temps breton et le climat intérieur de l'immense actrice qu'était Romy Schneider laquelle, en fin de compte, gardera la part d'inconnu qui fait de chaque être humain une personne à part et mystérieuse.

Cinephile-doux
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Au fil(m) de 2018 et 200 films pour une décennie (2010-2019)

Créée

le 15 juin 2018

Critique lue 530 fois

5 j'aime

4 commentaires

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 530 fois

5
4

D'autres avis sur 3 jours à Quiberon

3 jours à Quiberon
Fritz_Langueur
8

Le Stern et la sterne

Premier plan. Une femme lambda, de dos, regarde la mer, elle semble impassible, inerte, presque sans vie. On pourrait croire à du Sautet. Puis la caméra se rapproche cette femme se tourne vers elle...

le 27 juin 2018

8 j'aime

4

3 jours à Quiberon
ChristineDeschamps
6

Critique de 3 jours à Quiberon par Christine Deschamps

J'ai un peu eu devant ce film la même impression légèrement frustrante que devant Django, sur la traversée de la guerre par un guitariste tzigane refusant de se sentir concerné par le conflit. Je...

le 1 mai 2019

5 j'aime

3 jours à Quiberon
Cinephile-doux
8

Tous les chagrins mènent à Romy

Depuis longtemps, on faisait remarquer à Maria Bäumer sa ressemblance frappante avec Romy Schneider, l'incitant à l'incarner à l'écran. Mais depuis longtemps, l'actrice allemande refusait, de peur de...

le 15 juin 2018

5 j'aime

4

Du même critique

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

73 j'aime

5

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

72 j'aime

4

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13