En 2008, James Mangold ("Copland", "Identity") s'essaye au genre western en proposant le remake de Delmer Daves, "3:10 to Yuma" (avec Van Heflin (vu dans "Les trois mousquetaires" de George Sidney) et Glenn Ford ("Règlements de compte" de maître Lang) dans les rôles titres). S'inspirant librement de l'original, et donc forcément d'Elmore Leonard (écrivain de "Hombre" (repris par Martin Ritt et Paul Newman) et de "Rum puch" (repris par Tarantino et Pam Grier), scénariste de "Joe Kidd"), James s'approprie le western en rechargeant son scénario implacable comme son six coups : le tristement célèbre bandit Ben Wade est arrêté par Dan Evans, un éleveur qui a tout perdu. Afin de recevoir une aide financière pour reconstruire son ranch, il est chargé de mettre Wade à l'ombre... . Le duo Christian Bale ("L'empire du soleil", "The dark knight")/Russell Crowe ("Gladiator", "Révélations", et retrouvant le western 12 ans après "Mort ou vif" !) tient toutes ses promesses et l'on reste bouche bée devant de tels talents. Ici, c'est plus Monsieur Crowe qui vole la vedette à Christian Bale, pourtant très bien. Son rôle de bandit lui sied à merveille, tout comme le genre western. On sent de l'impertinence de la part de notre bon vieux Russell Crowe, mais seul le long (et vieux) couteau arrive à lui fermer son clapet : l'incorrigible Peter Fonda, le fils de Henry et le frère de Jane, vu dans "Easy rider", "L'homme sans frontière" de lui-même, et "L'anglais" de Soderbergh notamment. Avec aussi Logan Lerman qui montre déjà beaucoup. Logique : on l'a déjà vu dans "The patriot". La musique est anodine et paraît sortie d'une pétoire mal calibrée ! Pourtant, il y avait moyen d'avoir du lourd. Force est de constater qu'Ennio visait plus juste et plus rapidement. Les séquences de fusillades, d'explosions et de courses-poursuites sont bien maîtrisées dans l'ensemble et permet à ce western de haute volée de mériter plusieurs étoiles de shérifs. J'ai caractérisé la trilogie des dollars de Leone par trois étoiles de shérif, de même pour ce "Yuma". Sergio faisait du spaghetti alors que James honore et glorifie ("Le train sifflera trois fois", Gary Cooper, Delmer Daves). N'ayant jamais vu les originaux (Daves et Zinneman), James remet au goût du jour le très bon western (qui se compte sur les doigts d'une main depuis son arrêt vers 1970-1975. A l'esprit, il me vient "Danse avec les loups", "Open range", "Impitoyable" et "Tombstone".) où la morale triomphe au détour d'une balle perdue. Spectateurs en manque de western, "pour qui sonne le glas" ?