La fantaisie a le vent en poupe en cette année 2014. Quelques semaines “en peine” après la sortie des très mitigés “300: La naissance d’un empire”, “Pompéi”et “Hercule”, voici qu’un nouveau déluge d’acier et de sang emporte … enfin emporte … bouscule … secoue … effleure tant bien que mal le 7ème Art.
47 Ronin est à la mythologie japonaise ce que 300 était à la mythologie grecque, un événement “antique” majeur ayant marqué à jamais l’Histoire et désormais transposé dans un univers fantastique, peuplé de sorcières et de géants, teinté de culture comic et/ou manga pour une destinée glorieuse synonyme de mort.
Et pourtant, n’est pas Zack Snyder derrière une caméra ou Frank Miller la plume à la main qui veut. Singer “300” avec pour exemple la charge du rhinocéros filmée de la même manière à la différence près qu’il s’agit dans le cas présent d’une bête issue d’un probable folklore japonais (mélange de buffle et de dragon) … ne fera pas du film une réussite garantie. La trame principale a la fâcheuse manie de mixer au mortier des codes orientaux avec des archétypes américano-européens. Pour preuve le personnage joué par Keanu Reeves. Un sang-mêlé, brimé, reclus, volontaire, rebelle et amoureux de la princesse … créant un personnage hybride jusque dans sa conception. Sans faire dans la démagogie de comptoir, son seul intérêt est d’attirer le chaland occidental en insufflant un semblant de “Roméo et Juliette” à un scénario qui n’en réclamait pas tant. Il en résulte un magnifique cliché alourdissant une légende déjà suffisamment dense.
Malgré tout les séquences d’action sont chorégraphiées au millimètre près et les combats bien que dynamiques restent parfaitement lisibles. Quant aux plans, ils se rappellent à leurs origines papiers avec une exagération bienvenue tirée des comics/mangas et autres univers fantastiques dont ils s’inspirent. Et qui dit fantastique, dit bestiaire et sur ce point le film nous régale tout en revisitant la légende. Une sorcière, un dragon, des Tengu et autres bêtes … s’opposent ainsi à la volonté de ces “héros” en quête de justice.
47 Ronin se reposant sur un évènement historique, la qualité du film devrait découler en partie de la finesse des environnements, des costumes, des manières … donnant vie à l’époque ciblée et celui-ci réussit le tour de force de peindre un Japon du XVIIIème siècle crédible. Un Japon féodal fait de conflits entre provinces, de principe de caste et d’exclusion. Une peinture fidèle aux notions d’honneur et d’allégeance inhérentes à la vie de samouraï. Dès lors, une reconstitution “historique” soignée émane du film et propose aux spectateurs de découvrir un pan fantasmé de la culture nippone.
Produit de divertissement occidentalisé à l’extrême se rattrapant aux branches par une reconstitution historique crédible, une image propre, des environnements et des effets spéciaux soignés … 47 Ronin n’est au final qu’un produit opportuniste souhaitant surfer, 7 ans plus tard, sur le succès de l’oeuvre de Zack Snyder.