"This is how we chill from 93 'til..."


Chantent les adolescents affichant leur appartenance à un gang du milieu des années 90, assurant la relève des atmosphères recrées par Gus Van Sant. Le film présente un docu-fiction débutant in medias res avec des plans saccadés sous une musique aux accents saturés de trop lourds decibels. La bande originale constitue l'un des aspects primordiaux de l'action puisqu'elle suit, méticuleusement arrangée, les déambulations de jeunes skateurs vivant de figures acrobatiques et de retrouvailles libres en un QG sélectif. Le duo Trent Reznor et Atticuss Ross, fidèle aux metteurs en scène américains pour leurs créations électroniques sombres s'attaquent ici au genre hip-hop, conservant toutefois une note profonde et propice à la réflexion, face à l'action.


Pour son premier long-métrage, Jonah Hill choisit de procéder au casting sauvage en dénichant le jeune Sunny Suljic, éclatant de pureté dans sa représentation du passage à l'âge adolescent. Son parcours pour se faire accepter par une bande de skateurs de Los Angeles est rythmé par la tentative de devenir, comme eux, un garçon libre ne sortant pas sans sa planche. Derrière ce voile de légèreté se cachent de plus graves questionnements, abordés lors d'une formidable séquence entre le petit Stevie et son ainé de substitution Ray, interprété par Na-Kel Smith. Le film ne dépeint pas simplement le quotidien des bandes de jeunes de quartier, il a pour vocation d'ôter le revêtement bariolé servant à customiser les apparences. Ainsi, Hill s'immisce dans la pensée d'adolescents qui s'interrogent sur l'avenir, sur la réussite, et sur ce point crucial : comment y arriver, tout en conservant sa liberté.


Donnant à voir un film sensible et remarquablement interprété, le réalisateur confirme son talent de conteur, de grapilleur de souvenirs pour celles et ceux qui ont traversé les années 90 en fusée, à l'aube des temps résolument modernes.

eleonoreoldwood
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le 15 août 2019

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