Le Retour, une pièce de Darius.

Depuis 2006, Dupontel ne retrouve plus la maestria de Bernie (sommet de poésie ubarno-glauque) et du Créateur (magnifique torture mégalo-artistique). Enfermés Dehors et Le Vilain nous affichaient une volonté de se concentrer vers le burlesque physique, ce qui laissait de côté un gros point fort de Dupontel : l'écriture, le dialogue, le sens de la formule.

C'est avec plaisir que j'ai découvert Neuf Mois Ferme. Si la rage du bonhomme n'est plus vraiment là, elle survient par accous un peu automatiques (la critique systématique de la justice et un énième "les flics sont des cons"/ "les juges sont butés") et se mue en sincère mélancolie. Personnages moins cruels mais tout autant déterminés qu'un Bernie Noel, ça remue pas mal dans Neuf Mois Ferme, et c'est avec surprise que l'on constate qu'Albert est largement en retrait et trouve en Sandrine Kimberlain une nouvelle actrice s'intégrant parfaitement dans son univers. Sa fragilité est compensée par de mémorables séquences d'hystérie, de coups dans la gueule, et une superbe cuite incontrolée. Au milieu d'une ambiance mi carcéral-o-glauque, mi coupée du monde dans de vieux apparts (comme l'appartement de Darius du Créateur), des scènes plus posées que dans les films précédents s'entremellent avec des explosions d'humour noir et très sanglant. La réa est de nouveau simple et carrée - Enfermés Dehors et le Vilain misaient sur la surenchère d'effets de caméra, ici ça ne s'adapterait pas à l'histoire. Les traditionnelles vues subjectives sont toujours là, mieux intégrées que dans Enfermés Dehors.

Bon scénario, très bon montage, le rythme se tient pendant une petite heure et vingt minutes, aucune de trop. Si l'on regrette la crasse de Bernie et l'écriture du Créateur, Neuf Mois Ferme tient quand même LARGEMENT sur ses pattes, fièrement, et balaie toute comédie française de cette année - prenez ça dans votre gueule avec vot' nanard, Nicolas et Bruno !!!

En cadeau bonus des caméos qui viennent faire coucou, pas de genre d'apparition cynique à faire grimper le buzz, mais de simples potes acteurs et réalisateurs qui s'éclatent vraiment chez Dupontel, et ça se ressent totalement.