"A Beautiful Day" (parce que nous, les français, on est trop cons pour comprendre "You were never really here"), c'est le film qui a valu à Joaquin Phoenix le prix de la meilleure interprétation masculine à Cannes. Et c'est aussi le film qui partage, avec "Mise à mort du cerf sacré" de Yorgos Lanthimos, le prix du meilleur scénario du festival.
Eh ben...mouais.


En fait, en suintant le film indépendant par toutes les pores de la pellicule (oui, je sais que c'est pas tourné en pellicule), "A Beautiful Day" oublie de vraiment raconter quelque chose.
Le plot est assez simple. Joe (Joaquin Phoenix), que l'on devine vétéran (traumatisé) des guerres du Golfe, s'est reconverti en chasseur de primes/sauveur d'enfants enlevés, et part à la recherche de la fille d'un politique américain.
M'voilà. Pour le prix du scénar, on repassera.
Mais, vous me direz, "l'important, c'est la façon dont c'est raconté". Et vous aurez raison.


Alors oui, Lynne Ramsay sait filmer la violence crue et énervée. Elle sait ouvrir ses scènes de manière marquante (les suffocations dans le sac plastique), faire de très jolis plans (je pense notamment à la scène sous l'eau). Elle sait créer du décalage en accompagnant des scènes de massacre au marteau de musique enjouée, ou en faisant chanter son héros à côté d'un ennemi agonisant.
Sauf que justement, le film ressemble à une compilation de "scènes choc", de moments de bravoure dans la composition du cadre, mais tout cela reste assez artificiel.
Force est de constater que ce Joaquin hirsute et imposant est crédible de bout en bout, touchant dans sa relation avec sa mère, ses névroses et pulsions suicidaires.
Mais le personnage ne connaît pas d'évolution, et comme on sait dès le début qu'il est détruit psychologiquement, il apparaît vite au spectateur que rien de ce qu'il va vivre ne pourra vraiment le mettre au tapis.
Alors on se laisse bercer par les belles images, la musique électronique envoûtante de Jonny Greenwood (clairement un bon point du film), mais le temps se fait long...
Et puis il y a cette tentative un peu vaine de briser la limite entre réalité et folie, avec des apparitions fantasmées forcées...


"A Beautiful Day", c'est comme un plat appétissant et très bien présenté auquel il manque une réelle saveur.
Je ne pense pas que ce soit un mauvais film, et je suis prêt à lui consacrer un second visionnage. Toujours est-il que cette proposition, loin d'être déplaisante, m'a laissé froid.

Créée

le 14 nov. 2017

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Mr_Step

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