C’est un sentiment étrange qui m’aura habité pendant la courte heure et demie que dure A Beautiful Day : un mélange de fascination liée à une mise en scène savamment travaillée, et d’indifférence résultant de l’utilisation de gimmicks beaucoup trop gros pour donner un résultat sincère. Très vite, on a l’impression de se retrouver devant un film de Nicolas Winding Refn. C’est beau, très beau. C’est lent, la musique joue un rôle important, c’est très violent… tous les ingrédients sont réunis.


Ainsi, pendant une heure et trente minutes qui semblent durer une éternité, on suivra un Joaquim Phoenix ruiné par une vie difficile, devenu tueur à gages de pédophiles, déglinguer lesdits pédophiles dans une escalade de violence, affichée ou suggérée, assez glaçants. De ce point de vue là, le film est indéniablement une réussite. Phoenix campe parfaitement son rôle et son détachement face à ces actes fait froid dans le dos. La façon de montrer la violence, en la laissant bien souvent juste à l’extérieur du cadre, est excellente. Pour le reste, l’utilisation de flashbacks obscurs pour essayer de justifier les actes du héros ; et de la musique pour tenter de faire grimper la tension, apparaissent assez superficielles.


Au service d’un scénario qui ne prend finalement aucun risque, cette belle mise en scène cache une tentative assez vaine de la part de Lynne Ramsay de rendre son film bien plus intellectuel qu’il ne l’est en réalité, afin de toucher un public pas nécessairement habitué à manger du popcorn devant des histoires de vendetta ultra-violentes. Lynne Ramsay a beaucoup de talent. Son film est extrêmement beau. Mais cette plastique trop lisse n’a pas su l’amener à hauteur des attentes que j’avais en entrant dans la salle.

L9inhart
5
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le 21 nov. 2017

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