Un homme. Un costard. Un gun.
Dos au mur, songeur, le regard plongé dans le passé. Ça, ça va mal finir.

Une affiche de rêve. Voila essentiellement ce qui m’a fait regarder ce film, et pas Memories of Murder, I saw the devil ou tous les autres (a priori) chef d’oeuvres du cinéma coréen. J’y vais en vrai néophyte, avec seul Old Boy pour bagage.

Les premières scènes du film nous en disent beaucoup sur ce que le film va traiter: Une scène de calme et douceur en côtoie une autre de violence pure et dure. Avec les infos que le titre nous donne, on peut d’ores et déjà faire des parallèles.
A bittersweet life. Le film va nous raconter la vie de cet homme. L’affiche nous le montre aussi entrain de ressasser ce qu’il a pu vivre. L’aigre-doux fait écho au fait que la vie est parfois agréable, parfois douloureuse.
Et c’est en ça que le film est génial. Il n’oppose en aucun cas les 2. La vie est violente, et elle est douce. C’est peut-être même parce qu’elle est si violente, qu’elle est si douce. Et inversement. Le principe est donc aussi valable pour le rythme imposé par le film, alternant les 2 types de scène. L’une multipliant l’effet de l’autre.
Le réalisateur fait donc de son personnage un cas d’école: C’est dans la mort qu’il s’est sentit le plus vivant. Dans la douleur qu’il à eu le plus de joie.

Ceci rejoint l’idée développée dans le film qu’il faut se battre contre la vie. Du moins, qu’il faut se battre pour se sentir vivant. Dans cette idée, on se rappellera la scène où sa combativité le fait symboliquement revenir des morts après avoir été enterré vivant, ou encore la scène répétée du héros, Sun-woo, éteignant et rallumant sa lampe de chevet, refusant l’obscurité totale qui le rapprocherait du sommeil/de la mort. Il veut vivre sa vie, et en être le maître. Aussi, la scène finale, post-mortem, où on le voit face à la vitre (omniprésente d’ailleurs) de son hôtel reflétant la ville, et où il boxe dans le vide. Par superposition, on à l’impression qu’il se bat littéralement contre la ville. L’image du reflet de la ville serait récurrente dans le cinéma asiatique depuis les années 80, et représenterait la déshumanisation du personnage rongé par une urbanisation galopante et destructrice pour l’homme. Donc, ce qui échappe à son contrôle. Difficile de faire plus claire, plus littérale comme image. A ça s’ajoute un regard caméra pour amplifier l’intimité créée entre le personnage et nous, le spectateur, et s’assurer qu’on ai bien compris la leçon.

Evidemment, l'action est très présente, mais pas envahissante. Le juste milieu est trouvé, ce qui n'empêche pas d'avoir des scènes puissantes, et d'autres qui peuvent même devenir cocasses tellement elles sont bien trouvées. Si on aime les films de gangster posés, contemplatifs à la Michael Mann, il n’y a aucune raison de ne pas se laisser séduire. Je ne sais pas du tout si le film est typiquement asiatique ou s’il est quelque part traditionnel(sans compter le fait de proposer des scènes de combats en plus des fusillades), mais je me suis senti en terrain connu. Les personnages y sont pour beaucoup: classes, très bien campés, à fortes personnalités, on ne remet en aucun cas leur crédibilité en doute. Même les personnages secondaires sont efficaces, servant très justement l’humour, aidant à relâché la pression d’une scène à l’autre, ou à ridiculiser des wannabe-tough-guy. Le personnage de la fille est aussi très utile. Figure d’innocence parfaite, le duo fonctionne très bien. On comprend que c’est un équilibre bien/mal que le héros cherche à obtenir à travers elle. J’ai beaucoup aimé les scènes avec les 2 personnages, et j’ai même trouvé le comportement du héros, à l’asiatique, dans la retenue, la gêne, très mignon. Oui oui.

Voila. J’ai été pris aux tripes, j’ai ris et j’ai été ému.
Ce que fait le film, il le fait très bien. Très subtilement.
Chef d’oeuvre, simplement. Je sais, ça fait gratuit comme ça mais c'est très dur de parler de l'aspect formel d'un film dans une critique. Franchement, et je le dis avec les modestes connaissances que j'ai en langage cinématographique, mais c'est vraiment très bien fait.
J’allais faire comme le film, ouvrir et clôturer ma critique avec une citation, mais taper “vie citation” dans google, ça ne suffit apparemment pas.
Ghettoyaco
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le 30 oct. 2014

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Ghettoyaco

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