Je viens de finir ce film il y a très exactement dix minutes et étrangement j'en suis particulièrement déstabilisé, fiévreux même. J'espère juste ne pas avoir pris froid mais ce que je viens de voir m'a rendu particulièrement fébrile. En fait j'ai eu l'impression très déstabilisante d'avoir joué aux montagnes russes émotionnelles entre les moments d'horreur, dont l'ambiance malsaine est très bien réussie grâce à un Simon Pegg idéal dans son rôle, et les moments de comédie qui ont fait le style Pegg&Frost (ici a priori seulement Pegg) riche en références à la culture populaire et en humour britannique.

Regarder ce film, c'est éprouver la même peur que celle qui peut vous prendre quand vous tombez sur ces vieilles poupées sous cloche aux yeux morts dont on s'attend à ce qu'une nuit elles se mettent à sourire, fassent un tour complet de la tête sur l'axe qui leur sert de cou et brandissent un couteau dans votre sommeil.

Mais pas seulement !!

Il y a aussi cet effroi si bien traduit de l'étrange bizarrerie, ou comment un conte pour enfant peut vous sembler parfaitement effrayant regardé sous un angle un peu plus réaliste que celui montré (comme le petit Poucet qui montre tout de même de la misère sociale, de la famine, un abandon d'enfant, de la schizophrénie et du cannibalisme).

Mais pas seulement !!

Il y a cette ambiance de conte noir, presque du Tim Burton, en beaucoup plus sec là où Timmy distille toujours une ambiance presque poétique dans ses histoires dont il semble en apparence tordre les règles des histoires les plus positives pour montrer une ambiance beaucoup plus sombre, mélangeant le tout à une ambiance presque Victorienne. Point de poésie ! Point de victorien ! Juste de la couleur et de la misère, aidé par un cadreur sous amphétamines.

Mais pas seulement !!

Il y a aussi l'ombre si visible du maitre de l'effroi, un homme à la silhouette bedonnante et à l'accent anglais reconnaissable entre mille. Un homme tant apprécié et cité parfois à tord que la simple citation en tant que référence dans nombre de films y compris par de purs profanes en cinéma rend quelques cinéphiles (un peu orgueilleux devant le plaisir des dits profanes à pouvoir enfin citer une référence) parfois râleurs : Hitchcock.

Mais pas seulement !!

Car regarder le déstabilisant A Fantastic Fear Of Everything c'est aussi avoir droit à son humour, pur british, comique de situation, de gestes, quiproquos, absurdités totales menant aux éclats de rire, mise en scène décalée, et parfois même vaudeville.

Mais pas seulement !!

Car les jeux de lumière, de ton, de mots, se bousculent pour enfin apporter un sang frais un style horrifique trop souvent décrié pour son immobilisme, et quoi de mieux que d'aller plonger dans l'opposé théorique absolu de l'horreur si l'on peut considérer qu'à l'effroi s'oppose la joie (pas exactement d'un point de vue lexical, mais je pense que l'exemple est bon) pour renouveler les gênes appauvri d'un polycopié d’œuvres horrifiques ratées voire pire de mauvais gout ? quoi de mieux que de plonger dans les plus fameuses références d'un genre jusqu'à l'affiche du film elle-même et de lui implanté l'énergie d'un comique absurde ? Quoi de mieux que de balader le spectateur mou et informe que je suis dans tous les sens en le faisant remuer comme un oscilloscope jusqu'au mal de mer ?

La plupart des comédies horrifiques sont des films comiques, ou plus largement des comédies, qu'on aurait transplanté dans des univers horrifiques, mais beaucoup plus rarement des films d'horreur auxquels ont aurait réussi à insuffler une bonne dose d'humour sans aller trop loin.

Et ça c'est beau.
Crillus
8
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le 13 mars 2015

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Crillus

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