A Ghost Story

Comment parvenir à écrire au sujet du film, trouver les mots justes pour exprimer ce qu’il fait ressentir, alors que tout, justement, passe par la sensation, par le murmure ?

Comment ne pas en détruire la substance en l’analysant, en le décryptant, alors que sa beauté réside justement dans son mystère ?

Comment mettre en avant l’un ou l’autre moment, l’un ou l’autre aspect, alors que chacun se complète, alors que tous semblent indissociables ?

Comment relever les questionnements nombreux et passionnants que l’œuvre suscite sans les révéler ?

Comment dire ce qu’il y a de si beau à mettre en images le deuil de ceux qui ne sont plus là, plutôt que le deuil de ceux qui restent ?

Comment montrer la subtilité de cette évocation de la présence presque continuelle de chacun ?

Comment concrétiser ce qui n'est qu'évocation, ce qui semble si abstrait, si intouchable, si fuyant ?



Comment démontrer la portée universelle de ces questions sans les briser ?

Comment définir, au fond, ce qui en fait précisément un film si fort, si percutant, qui reste en tête, un peu à la manière d’un fantôme justement ?

Pourquoi le temps qui passe, les spirales temporelles, les souvenirs que l’on oublie remuent-ils autant ?

Comment ne pas risquer que l’emploi de simples mots pour en expliquer la force visuelle et musicale n’amoindrissent sa puissance émotionnelle ?

Par son histoire en apparence simple, par la beauté de ses images et de ses musiques, A Ghost Story est un film extrêmement touchant, chaque spectateur le percevra d’une manière différente en fonction de son propre vécu. Ce qui lui confère une résonance extrêmement individuelle et à la fois universelle. Ce « travail », librement laissé aux spectateurs fait partie de sa force.

Mais, il est bien difficile parfois de mettre des mots sur ce que des images, des sons, des souvenirs et le potentiel du futur, font ressentir.