Le cycle infernal et éternel de la vie

Je me suis lancé dans ce film, sans trop savoir à quoi m'attendre, connaissant juste les deux acteurs principaux : Casey Affleck et Rooney Mara, dont j'apprécie les performances de chacun. J'avais également déjà vu un film du réalisateur, Peter et Elliot le Dragon, qui ne m'avait pas vraiment laissé un souvenir mémorable.

Le film est assez court, moins d'1h30, mais certaines scènes sont un peu longues, surtout au début. C'est un film qu'on pourrait presque qualifier de muet, les dialogues se comptant sur les doigts d'une main. Il faut le voir, l'observer, l'épier du regard. Etant un fan des films que l'on pourrait qualifier d'intellos, où les dialogues sont omniprésents, et apportent quelque chose à chaque scène, comme The Social Network, j'avoue avoir été destabilisé, surtout lors de la première moitié du film. Mais en fait, c'est un film intelligent. Il nous montre ce qu'est vraiment le cycle de la vie, et à quel point les choses peuvent aller vite. En très peu de temps, le mari mort est remplacé par sa femme, qui est elle-même remplacée par d'autres personnes dans la maison, qui est à son tour détruite pour y laisser place à un bâtiment, puis progressivement à une ville, puis, à ce que j'ai interprété comme la fin de la civilisation humaine. On revient ensuite au début, avec le commencement, qui est en quelque sorte le début l'histoire de la maison. Le twist n'est pas sans rappeler la fin d'Interstellar : le fantôme sévissant dans la maison est en réalité le protagoniste. Mais il arrive tout en légerté, se laissant contempler avec un petit sourire en coin. Puis tout recommence. Ainsi va la vie.

Ce que j'ai trouvé le plus impressionnant dans ce film, c'est la réalisation. David Lowery, aux commandes, sort d'un film au budget de 65 millions de dollars, et ayant rapporté un peu plus de 140 millions au box-office. Et il arrive à nous pondre "A Ghost Story", avec un budget de 100 000 dollars, en réussissant à avoir un cast bien plus que correct, des scènes impressionnantes (lorsque le fantôme saute de l'immeuble, en plein milieu d'une ville dans la pénombre, mais éclairée par des couleurs sublimes). Et en multipliant par dix la somme initiale au box-office. Il arrive à nous emporter dans un univers singulier, avec des plans propres à ce qu'il veut raconter, et un style très marqué. Et rien que pour ça, chapeau. Quel dommage parfois d'étirer des scènes qui n'ont que très peu d'intérêt.

Ma note : 8/10