Je pensais commencer mon intro par un truc du genre "il n'y a pas besoin d'être un hipster californien pour faire du ciné indé / undergournd / sundancien." Mais après renseignement, j'ai découvert que la réalisatrice Ana Lily Amirpour était bien une hipster californienne, ce qui fout en l'air mon introduction. Je vais donc la tourner autrement : "Ce n'est pas parce qu'on fait un film en Iran que l'on doit forcément en faire un film d'auteur austère, chiant, féministe ou révolutionnaire." Voilà.
Je l'avoue c'est une vision assez réducteur et volontairement provocatrice. Mais j'en ai juste marre de voir télérama se palucher devant n'importe quel réalisateur iranien sous prétexte qu'ils risquent leur vie pour la fabrication de ce film (quel cynisme, Pom Pom Galli !). Du coup quand un film iranien débarque, sans se vanter de bousculer le pouvoir en place ou de militer pour la cause des femmes, je me dis "enfin un peu d'originalité !". Rarement le niqab aura été aussi peu politisé. Ici, il n'est pas le symbole de la soumission des femmes musulmanes. C'est juste un simple élément cinématographique qui permet de donner au protagoniste cette silhouette fantomatique, en peu comme le truc informe du "voyage de chihiro", pour un effet des plus réussi. Est-ce suffisant pour en faire en bon film. Apparemment non.
Dans l'univers des films indés, il y a deux catégories. Les bons (genre little miss sunshine, gummo ou Beasts of the Southern Wild) et les mauvais. Pour moi "A girl walks home alone at night" (il est relou ce titre !) est l'incarnation du film indé que je déteste. On sent derrière chaque plan, cette volonté féroce de paraître "cool" à travers des choix de mise en scène poseurs et injustifiés. Forcément, le film doit être en noir et blanc, pour faire bien "indé". Puis on va mélanger les styles et foutre une musique de western par dessus pour faire comme Quentin Tarantino. Parce que Tarantino, il est cool. Finalement a trop vouloir faire dans l'originalité, AGWHAAN (ce n'est pas Conan le Barbare qui s'est cogné le l'orteil sur le coin du lit, c'est l'abréviation de ce titre merdique) s'est vautré. Certes le concept d'une vampire iranienne qui dévale les rues d'une ville appelé Bad City en skate a de quoi faire rêver tout cinéphile adepte de cinéma différent. Mais encore faut-il être capable de justifier ce concept autrement que par la simple volonté de vouloir faire quelques chose de différent. A ce moment là, pourquoi ne pas faire un film sur nazi épileptique qui voyage à dos de cochon ? Ou un aborigène fan de disco qui se transformerait en une tarte au quetsch les nuits de pleines lunes. Ça aussi, c'est différent. Ça aussi, c'est original. Ça aussi n'a jamais été fait nul part. Est-ce que ça en ferais des films cools pour autant ? Pas forcément.
Tout n'est pas à jeter, dans AGWHAAN. La réalisatrice sait manifestement se servir d'une caméra, il y a une belle photo, la musique est cool et certaines séquences sont vraiment réussi (bien qu'un peu clipesque). Mais à part ça, on s'ennuie ferme devant ce film qui ne m'aura intéressé que par la lecture du synopsis.