Je n'avais rien écrit sur ce film après l'avoir vu à la quinzaine des réalisateurs, pourtant de tous les films que j'avais vus à Cannes, il est un de ceux qui m'avaient le plus marqué. J'ai décidé de corriger cette erreur. Grâce au cinéma "Katorza" de Nantes et à son festival du film Espagnol qui donne une visibilité décente à ce film, (tout les cinémas ne peuvent malheureusement pas en dire autant...) je n'avais plus d'excuse, je me devais d'écrire sur ce film.


Des films de guerres il y en a des tonnes, mais principalement sur le Vietnam, sur les guerres d'Irak et d’Afghanistan, et sur la seconde guerre mondiale. La guerre au Kosovo par contre fait partie de ces guerres très peu abordé au cinéma, ou alors c'est que ma culture cinématographique est trop faible et que ces films me sont inconnus. Alors si vous en avez en tête n'hésitez pas à m'en parler que je puisse changer cela.


Le film prends ici un parti assez rare, celui de prendre le point de vue d'humanitaire s'occupant des vraies victimes de tout conflits, les civils (la guerre propre cette blague...).
Avec ce point de vue le conflit est omniprésent, mais il n'y a pas de bon côté, uniquement des civils souffrant d'un conflit qui les dépasse. Même l'ONU et ses protocoles parfois très absurdes sont égratignés dans ce film.
Cette absurdité des protocoles, cette absurdité propre à la guerre, cette absurdité défiant toute logique, est illustrée par l'essence même de la mission de ce groupe d'humanitaires que nous suivons. Ils doivent se battre, non pas pour une grande cause, mais simplement pour réussir à trouver une corde et obtenir de la part de L'ONU l'autorisation leur permettant de sortir un cadavre d'un puits pour que les gens de ce village ne soient pas obligé de payer de l'eau à ceux qui les rackettent en profitant de leur situation, pardon, à ceux qui leur en vendent... Dit comme ça, ça peut paraître peu intéressant, et banal pour un village plongé dans la guerre, mais c'est justement quand cette mission pourtant d'apparence simpliste devient une réelle aventure, un combat, que l'on ressent toute l'absurdité propre à la guerre, et que cette banalité, devient aussi déroutante que prenante.


C'est également la manière d'aborder la mission qui la rend prenante. L'humour, omniprésent au sein de cette équipe humanitaire, ainsi qu'une certaine légèreté dans le film, s'imposent comme salutaire, bienvenu et nécessaire pour respirer, avancer et encaisser leur quotidien dans cette guerre. Cependant il ne faut pas croire que cette légèreté ambiante diminue l'impact de cette guerre. Au contraire, elle donne lieu à des changements de ton assez brutaux, amenant à des scènes réellement difficile, ou tout du moins faisant vraiment froid dans le dos (Au hasard, ou pas d'ailleurs, une certaine scène dans une maison, lors de l'ouverture d'un garage sur fond d'une reprise bien connue de Marylin Manson que je n'écouterais plus de la même manière... ceux qui auront vu le film comprendront très probablement...).


Ajoutez à cela une Bande Originale de qualité, des acteurs remarquables comme Benicio del Torro, Tim Robbins et Mélanie Thierry (cocorico), et une réalisation de Fernando Léon De Aranoa très forte et soignée me donnant envie de découvrir le reste de sa filmographie, surtout que pour ce film il savait de quoi il parlait, étant donné qu'il avait déjà en partie réalisé un documentaire du nom d'"invisible" sorti en 2007 nous plongeant au sein de groupe d'humanitaire, Médecins sans frontières, et de ceux qui facilitent et soutiennent leur travail.
Ajoutez tout ça et vous obtiendrez un des meilleurs films de l'année, un de mes plus gros coups de cœur vu lors de mon séjour à Cannes, et haut la main un des meilleurs films de guerre depuis bien longtemps.

Noe_G
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le 30 mars 2016

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Noe_G

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