Vous avez certainement déjà tous vécu une vraie journée de merde, durant laquelle vous semblez attirer toutes les poisses possibles. Imaginez une seconde que cette malchance vous poursuive, indéfiniment, de jour en jour... Typique de l'humour noir des Coen, A Serious Man prend le personnage de Michael Stuhlbarg comme souffre-douleur.
Notre personnage a une vie complètement banale, mais très vite, il se retrouvera chamboulé par de nombreux évènements qui lui tombent dessus sans crier gare. Problèmes familiaux, professionnels, interactions avec le voisinage, problèmes judiciaires, décès inopiné... Nous observons alors la réaction de Monsieur-tout-le-monde face à ce flot ravageur.
La fin du film est à prendre au premier degré. Alors qu'il obtient enfin une bonne nouvelle, le sort le rattrape en mêlant catastrophe naturelle et soucis de santé, sous-entendant une possible mort imminente. Cette fin quasi-surréaliste prouve que ces malheurs ne sont pas arrivés par hasard ; c'est bien la vie elle-même qui s'acharne sur un personnage totalement impuissant.
Les Coen dressent finalement un portrait assez pessimiste de la vie elle-même. On a l'habitude, dans leurs films, de voir des personnages subir les foudres d'autrui (ne serait-ce que le Dude dans The Big Lebowski), mais ici, l'imprévisibilité et l'injustice poursuivent le personnage comme une véritable malédiction. Il y a bien, dans cette malchance, quelque chose de supérieur, d'impalpable, en accord avec l'omniprésence de la religion dans le film.
A Serious Man a donc tout d'un Coen : une ambiance à la fois noire et burlesque, des personnages singuliers, un contraste entre les dialogues absurdes et les silences gênants. Les objectifs du film sont un peu flous : ce qui s'y passe est tout de même affreux. Peut-être ce film évoque un ressenti très personnel, étant donné que les Coen y ont insérer de nombreux clins d’œils à leur propre vie.
Ce délire rocambolesque, bien qu'étant une descente aux enfers, reste typique du cinéma des frères Coen. A Serious Man n'est pas leur meilleur film, mais il n'est pas si mal pour appréhender ce duo de réalisateurs.