Comment survivre quand on est un petit juif, honnête et travailleur, poursuivi par les pires calamit

Ca fait combien de temps que les frères Coën ne nous avait pas fait marrer ? Bon j'ai pas vu Burn After Reading mais quand on revient en arrière, on tombe sur les affreux Ladykillers et Intolérable Cruauté et il faut remonter au millénaire précédent pour voir des comédies réussies (O Brother un peu mais surtout The Big Lebowski). Et s'il n'y avait pas eu No Country For Old Men, on aurait pu dire sans problème que les années 2000, ce n'était définitivement pas pour les Coen. Mais les choses ont changé.

Larry Gopnik est dans la merde. Pourtant "il essaye d'être un homme sérieux" et a tout pour le réussir : une femme, un pavillon de banlieue, deux beaux enfants, un bon job sur les rails... Il s'occupe même de son frère, socialement retardé, et s'intègre bien à sa communauté. Mais voilà quand Dieu décide de s'acharner sur lui il ne le fait pas à moitié. Cela ne servirait à rien d'énumérer tous ses malheurs. La surprise est ici le principal atout des frangins qui ne se gênent pas pour lui enfoncer un peu plus la tête dans la merde. Et on rit, beaucoup, des malheurs de cette pauvre petite chose.

A Serious Man ressemble à une pièce de théâtre. Tout aurait pu se jouer dans un unique décor et découpé en trois actes (les trois rabbins successifs). Mais on aurait loupé tous les plans fabuleux de Joël Coen et surtout les plans de visage de Michael Stuhlbarg, acteur de théâtre inconnu en France. Un acteur génial pour porter le film et toute une flopée d'acteurs de théâtre, de télé (Richard Kind de Spin City ou Simon Helberg de Big Bang Theory) ou habitués des seconds rôles. Et puis il y a ce gamin rouquin à la tête inimaginable, double des frères Coen et deuxième héros de cette épopée.

Maintenant que j'ai passé en revue tous les arguments faciles pour aller voir ce film (le pitch et les acteurs, on s'en branle un peu), il est d'autant plus difficile de vous convaincre sans gâcher la surprise. Chaque plan, chaque réplique, chaque personnage sont amoureusement façonnés. Une comédie grinçante, absurde, intelligente. Bien loin de la traditionnelle mise à mort symbolique d'un pauvre type qui n'a rien fait pour mériter ça. Puisqu'on finit par s'attacher, avec les réalisateurs à ce petit juif dans la merde. Un film qui parle de Dieu, de physique et de Jefferson Airplane.
MrShuffle
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le 4 mai 2010

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