Un corps qui s’effeuille sous la contrainte, une âme en quête d’un plaisir charnel qui se terre dans les tréfonds d’un corps mutilé par la normalité, dans A snake of June, toute la rage de Tsukamoto se cristallise dans une tranche de vie vaporeuse qui ne fait pas de compromis.


C’est une farouche alliance de plaisir et de douleur qui poursuit Asuka Kurosawa, sublime muse offerte corps et âme à un cinéaste dont l’objectif premier est la mise à nu des sens de façon à bousculer un quotidien routinier peu propice au plaisir véritable. Celui qui ronge les entrailles de ceux qui ne parviennent pas à se faire une douce place dans la case qui leur a été attribuée, ceux qui aspirent à davantage, à vivre pleinement une vie rendue éphémère par un corps destiné à se faner.


Une thématique mainte fois traitée à l’écran, souvent de manière romantique, mais chez Tsukamoto, il n’en est rien. Celui qui aime bousculer les esprits, voir provoquer ses spectateurs les plus ancrés dans leurs convictions, opte pour un savoureux mélange d’érotisme subtile et de violence brutale. La prise de conscience de ses personnages se fait en dernier recours ou par la contrainte, à coup de « Doc Martens » dans la gueule.


A snake of June porte les traits de caractère de son auteur, une ambiance sonore oppressante, un montage agressif et finalement assez peu de dialogues. Quand le trio de marionnettes s’exprime, c’est sans détour. Tsukamoto ne mâche pas ses mots, écorche l’homme et son égoïsme chronique, pose la question de ce qui symbolise la féminité et finit son film au moyen d’une réconciliation qui passe par l’extase des sens. Une belle parenthèse, Rock’n’roll et sensible.

oso
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le 15 mars 2015

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