A Touch of Sin par Teklow13
JZK est toujours aussi grand dans sa manière de construire un plan, de composer un cadre, de le travailler esthétiquement (le premier plan avec le camion de tomates est sidérant).
Composition de plan qui passe par une grande attention au niveau du choix des lieux et de la retranscription des paysages (urbains, industriels, ruraux). Sur ce point je trouve ça brillant et c’est ici que son discours (politique, social, artistique) me semble le plus percutant et intelligent.
D’autre part je trouve très intéressant et revigorant de le voir redéfinir son cinéma, autant sur la forme que sur le fond.
Il y a toujours une approche documentaire très approfondie, mais elle est ici maquillée par un habillage de série B, lui permettant de réfléchir sur toutes les formes et représentations de la violence, mais également d’appuyer bien plus son geste, graphique, contestataire.
Son trait n’avait jamais été aussi rageur, sa vision de la Chine contemporaine, mais également de l’homme est sans concession, c’est d’une noirceur absolue.
C’est le premier point qui me gène. C’est d’un nihilisme terrifiant, tout est gangréné, corrompu, sans espoir. JZK coupe les jambes au moindre fragment d’humanité (la pseudo éclosion d’un amour entre les deux jeunes dans la dernière histoire par exemple). Il y a bien la scène du coup de téléphone final à la police dans la troisième histoire, mais le sentiment qui domine est quand même totalement cloisonné, faisant flirter le film, parfois, avec une certaine complaisance je trouve.
L’autre point qui me déconcerte un peu, c’est le schéma narratif. L’idée d’une compilation de 4 histoires sans lien apparent n’est pas inintéressante, jouant sur l’idée d’accumulation de fait divers, et la multiplication géographique, mais ça ne me paraît pas tout à fait abouti, notamment sur les passages de parole par exemple, d’une histoire à l’autre, un peu mécanique.
Enfin il y a ce plan du canard égorgé. Je ne trouve aucune info à ce sujet, si trucage ou pas, mais la scène est tellement réaliste, qu’elle me gène beaucoup.