A touch of Sin, c'est comme une bombe à retardement. On attend, la tension monte, puis tout explose d'un seul coup. C'est l'histoire de 4 destins tragiques et non tracés qui sont totalement bouleversés par leur entourage.
A touch of Sin, c'est plus qu'une simple histoire de destins, c'est aussi un portrait de la Chine rurale, de la pauvreté et de l'esclavage moderne. On retrouve tous les ingrédients du film typique Hollywoodien, avec le sang à flots et les règlements de comptes classiques. Ce qu'on retrouve de la culture chinoise, c'est le décor (bien sur) mais surtout les situations métaphoriques comme la dernière scène, dans laquelle un des personnages principaux contemple un spectacle chinois, ou alors les allusions au traitement des animaux (métaphore par rapport au sort des protagonistes) que l'on retrouve dans chaque récit.
Tout cela sans oublier le degré de violence très élevé dont fait preuve chacun des personnages, justifié par le sadisme de leur entourage.*


On retrouve aussi plusieurs messages politiques importants, dénonciateurs de l'actuel régime chinois. On peut voir dans ce film un message universel, qui ne s'étend pas qu'en Chine, mais dans tous les pays du monde, qu'ils soient développés ou en développement. C'est une sorte de fresque mondiale dans laquelle chacun peut trouver une ressemblance avec sa propre vie. La malice du réalisateur, c'est d'impliquer le spectateur dans une histoire au point de se réjouir d'un crime, de la mort de plusieurs personnages*1 qui ne méritaient rien de ce qu'ils ont eu.


Côté mise en scène, ce film est froid, épuré, objectif. Aucune image n'est inutile. Chaque plan est travaillé et retravaillé, non pas dans le but d'en mettre plein la vue, mais de donner le portrait le plus objectif et réaliste possible. La maîtrise des couleurs et du cadre est excellente. C'est la modernité, le cinéma d'aujourd'hui, qui ne se soucie pas que de donner des émotions primaires au spectateur, mais de chercher la subtilité en donnant au public des nouvelles du monde.
Le film est parfaitement rythmé et filmé.


Pour finir, les acteurs jouaient exceptionnellement bien, bien mieux que certains acteurs Hollywoodiens dépourvus de talent comme Arnold Schwarzenegger ou Christian Bale. La finesse de leur jeu vient du fait qu'ils ne cherchent pas à aller plus loin que nécessaire, qu'ils essaient d'être le plus naturel possible. Ils parviennent à garder l'interprétation parfaite des caractères profonds au possible de chacun des personnages du film.


On notera aussi l'intelligence scénaristique du film, venant de l'évolution vers un cinéma narratif, très omniscient, donc plus moralisateur et intelligent. Cela donne donc un film poétique malgré la violence intense.
La seule chose que l'on peut reprocher au film, c'est le côté répétitif de la trame, mettant en scène cinq histoires totalement différents, qui n'ont comme point commun (cependant très significatif) que la violence soudaine.


Au final, pour ce film d'auteur audacieux et parfaitement maîtrisé, portrait universel de la Chine moderne et allégorie de du dénuement, je mets 17/20


*Un personnage me pose problème; le deuxième, celui qui commet trois meurtres dès le début. D'un côté, sa brutalité peut être justifiée par le fait qu'il était menacé et donc en état de légitime défense, de l'autre, il tue une femme pour son bon plaisir à la fin du film. On a donc un portrait troublant d'un homme sans pitié qui ne pense qu'à son bien-être, à son plaisir, et non un homme torturé indirectement par son entourage, comme les trois autres personnages. C'est un très bon choix du réalisateur qui voulait montrer tous les portraits chinois types, et ne pas passer à côté d'un personnage des plus importants.


*1 /Attention spoiler/
Le dernier personnage, le jeune employé qui ne trouve pas sa direction professionnelle, fait exception à cela. Au contraire, dans son histoire, la mort est horrible, repoussante, et surprend le spectateur; Certains auront deviné ce qui allait se passer, faute d'"honneur", que le personnage en était obligé suite aux allusions du personnage qui était venu lui demander de l'argent la scène d'avant. Je ne l'avais pas remarqué dès le début, ce qui m'a paru logique quand on me l'a expliqué.

jeunecinéphile
8
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le 15 janv. 2014

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jeunecinéphile

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