La Chine moderne: marche ou crève!
A Touch of Sin fait partie de ces films qui vous marque, choc, interpelle et qui vous fait même réfléchir sur le rôle d’une société et la place de l’être humain dans cette dernière.
Zhang-Ke Jia nous présente ici une critique acerbe du capitalisme sauvage à la chinoise à travers une brochette de personnages principaux qui seront tous victimes d’une société qui écrase, corrompt, et détruit ceux et celles qui s’opposent à elle ou qui, tout simplement, y vivent. De même, la vision que l’on peut avoir d’une Chine moderne, en plein développement et soutenu par une population unit sous une même bannière part vite en éclat dès les premières minutes du film ou on est projeté dans une Chine rurale qui tient plus de la Corée du Nord que d’un pays développé, ce faux semblant est parfaitement illustré par la scène ou des mineurs souhaitent la bienvenue à leur PDG en échange d’un misérable sac de farine : tout est factice . Dans cette société où l’argent est au centre de tout et dans laquelle le client fortuné est réellement le roi, les hommes et les femmes du commun ne sont que du bétail destiné à enrichir ou à divertir les puissants.
Pas de happy-ending ici, même le soleil et l’horizon sont balayés de l’écran au profit d’un brouillard de pollution qui s’abat impitoyablement telle une chape de plomb sur toutes les âmes en peine errant dans des villes en ruine. Ce défaitisme face à cette impitoyable machinerie est d’ailleurs illustré par un adage terrible prononcé par une des actrices principales : « il vaut mieux vivre misérablement que mourir heureux ». Ce film est donc un cruel témoignage de la Chine d’aujourd’hui, celle qui n’a pas su ou pu profiter du boom économique, avec parfois même une façon de filmer qui se rapproche du documentaire. Les acteurs sont irréprochables, et seules quelques longueurs sont à mettre du coté des défauts.