A Werewolf Boy
6.8
A Werewolf Boy

Film de Jo Sung-Hee (2012)

Ça faisait très longtemps que je n'avais pas regardé de film coréen, probablement depuis que j'ai vu Maundy Thursday qui m'avait énormément touchée et émue, et je dois dire que j'avais quelques à priori avant de commencer ce film-ci. La mode étant aux loup-garous et aux vampires, j'avais un peu peur du résultat, que ce soit kitsch et déjà-vu, qu'il y ait un « embellissement » de la créature et que le tout s'apparente au monde merveilleux où tout est rose, fabuleux et sans soucis.

En fin de compte, je suis totalement conquise par ce film. Je ne nie pas qu'il y ait des éléments déjà vus et revus par les films du même genre, cependant la sauce coréenne prend parfaitement et ce film se révèle être émouvant et beau. C'est touchant et poignant, ça amène les larmes aux yeux durant la dernière demi-heure, ce film remplit donc parfaitement son office.

L'histoire en elle-même n'est peut-être pas exceptionnelle mais il n'empêche qu'on s'attache facilement aux protagonistes et à la relation spéciale et unique qu'ils développent. Le film prend le temps de construire minute après minute cet attachement et ce rapprochement entre les deux jeunes gens. On s'aperçoit qu'ils se soignent et s'apprivoisent mutuellement. Kim Suni est obligée d'étudier à la maison à cause de sa maladie et n'a donc pas d'amis, c'est au contact de Cheol Su qu'elle va apprendre à s'ouvrir et à considérer sa vie de manière différente. L'éducation qu'elle tente de lui inculquer lui permet d'oublier sa maladie et de se concentrer sur autre chose que réussir absolument ses examens. Quand à Cheol Su, il apprend petit à petit à se comporter différemment en société. Bien sûr, une part de lui sera toujours sauvage mais l'affection qu'il porte à Suni est belle et honnête. Leur relation s'intensifie tellement au fil du film que l'emprisonnement et la séparation inévitables qui découlent de la véritable nature de Cheol Su deviennent déchirants. La tension est palpable et il est impossible de rester totalement de marbre. C'est bouleversant et tragique car on le pressentait sans pour autant pouvoir envisager un autre dénouement.

J'ai aimé qu'on voit Suni hésiter, se demander ce qu'est vraiment Cheol Su, comment réagir face à ce qu'il est. Elle ne cherche pas à idéaliser et à embellir ce qu'il est. Elle le qualifie plusieurs fois de « monstre », faute de mieux car elle-même, bien qu'elle sache pertinemment qu'il ne lui fera jamais rien, sait qu'il peut être particulièrement dangereux.

Je suis réellement très surprise par le jeu d'acteur des deux protagonistes et notamment celui de Song Jung Ki qui interprète Cheol Su. Je ne connaissais pas du tout ce jeune homme mais je suis vraiment émerveillée par son jeu d'enfant sauvage. C'est joué de façon très juste sans exagération. Quand à Park Bo Yeong, je l'ai trouvée merveilleuse et magnifique lors de la scène de séparation. Elle est touchante et émouvante sans tomber dans le ridicule. Je suis réellement étonnée et charmée par leur interprétation.

Ce que j'ai le plus apprécié dans ce film, c'est, je crois, l'absence de musique dans les moments clés. Là où les films américains s'acharnent à mettre une musique pour bien faire comprendre au spectateur que c'est un moment à suspens ou à actions, A Werewolf Boy se contente du silence ou des bruits de l'instant. Si on doit perdre trois minutes à regarder la vieille dame marcher pour atteindre la porte qui la ramènera cinquante ans en arrière l'espace de quelques secondes, ce sera simplement au son de son pas hésitant et lent. Et c'est là qu'on se rend compte que ces simples bruits sont tellement plus impressionnants et significatifs qu'il n'y paraît. On y ressent son inquiétude, ses espoirs, son envie d'y croire mais aussi ses doutes et ses peurs. C'est saisissant.

En conclusion, A Werewolf Boy est un film coup de coeur, vraiment magnifique et poignant, qui amène son lot d'émotions. Bien que le scénario ne se démarque pas par son originalité, l'histoire reste belle et conquiert les coeurs.
Aunbrey
10
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le 28 juin 2013

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Aunbrey

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