À bout de souffle est une bouffée d’oxygène où tout respire, et le réel et l’acteur qui trouve dans l’alcôve une loge où s’admirer dans la glace et se confesser, donnant vie à une philosophie naïve et impertinente. Les vêtements aux lignes inversées voient leur détenteur se croiser, se manquer et s’aimer au gré des rencontres, dans un Paris labyrinthique et moderne. Le montage se veut volontairement saccadé, comme mimesis d’un souffle coupé, d’une jeunesse haletante qui cherche à jouir de la vie, à profiter de chaque seconde et des beautés qu’elle a à offrir. Libre et libertaire, le film de Jean-Luc Godard est un appel au risque d’une existence jouée au-delà des conventions et des structures sociales ; il constitue surtout une œuvre bouleversante et indémodable, un polar revisité à la lumière de deux visages aux lunettes noires : Jean Seberg et Jean-Paul Belmondo.