À bout de souffle est un film assez plaisant. Cependant, Godard n'a pas exploité tout le potentiel de son diamant brut. Je m'explique.

Pour commencer, le concept de la Nouvelle Vague m'échappe. Alors d'accord, être anticonformiste et essayer de révolutionner les codes du cinéma, c'est cool. Mais encore faut-il que les excentricités du cinéaste apportent une plus-value à son œuvre.

Au lieu de se la jouer présomptueux en allant à contre-courant de tout ce qui a été fait, pourquoi ne pas faire dans la juste mesure et allier des procédés qui ont déjà fait leurs preuves en rajoutant une touche de fantaisie à la Godard?

Parce que quel est l'intérêt de consacrer de précieuses minutes à filmer en mode Parkinson une citation de Lénine inappropriée au contexte ainsi qu'un tableau qui n'évoque rien sous prétexte que c'est de l'art ?

Par ailleurs, bien que banaux et improvisés, les dialogues sont excellents. De plus, l'alchimie entre Belmondo et Seberg est délicieuse. Néanmoins, près d'un tiers des 1h30 du film est consacré à la scène où ils se pavanent dans la chambre. Sur ce coup là, l'argument du remplissage l'emporte sur l'excuse de la poésie.

Idem pour l'interview de Parvulesco joué par Melville. Harcelé par les journalistes, il nous fait part de sa façon de voir les choses, lance un regard à Patricia puis disparaît.
L'intérêt de son apparition ? Ah oui, j'oubliais. La Nouvelle Vague snobe l'intrigue et l'utilité des scènes car c'est trop conformiste Tsé.

Imaginez. Si Godard avait pris la peine de pondre un scénario décent en y ajoutant le charisme de Belmondo et le charme de J.Seberg, À bout de souffle aurait pu être un thriller à la française digne de ce nom.

En somme, une histoire d'amour non-conventionnelle rythmée par une course-poursuite avec la police parisienne dans le but de trouver refuge en Italie.

Mon Jean-Luc aurait pu subtilement y étaler sa culture et tout le monde serait content. Mais bon, avec des si...

Pour finir, sans pour autant apprécier la Nouvelle Vague, on ne peut que respecter ces artistes et apprendre de leur travail. Surtout au vu de leur influence sur les générations futures. Toutefois, à mon plus grand regret, j'en suis à mon 3ème Godard pour autant de déceptions. En espérant qu'un jour il me surprenne...
Pretoria
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le 28 sept. 2013

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