J'aime beaucoup ce film, ce n'est pas l'histoire en soit qui est entraînante car elle est peu originale. Un homme hors la loi qui est recherché par la police et qui tombe amoureux d'une américaine qui ne veut pas se laisser piéger par l'amour voulant rester indépendante. En effet, c'est tout ce qui est autours qui m'a semblé important, le rythme, les personnages dont l'identité est trouble, les plans en noir et blanc laissant place à deux nombreuses références artistiques, la manière de filmer et le montage discontinu qui donnent au film son caractère expérimental...Ce qui est très intéressant mais à la fois très surprenant sont les réactions et les rapports que les personnages ont et entretiennent. Ce film est à l'image du nouveau mouvement cinématographique qu'est La Nouvelle Vague, il en est le manifeste. Le rythme et la manière d'être de façon très rapide presque fatigante du personnage joué par Belmondo caractérise le film et ainsi lui donne le nom "A Bout de souffle". On remarque une très grande modernité chez le personnage féminin qui est très avant-gardiste. La fin du film donne un sentiment d'étrangeté car la réaction de la femme est très inattendue mais, d'une part elle est légitime et donne plus de poids à l'expérience cinématographique donnée par Godard, car ce n'est pas tant le récit qui est central mais la construction artistique du film en tant que tel. Je regrette cependant que le réalisateur ait survolé certains sujets du film comme le fait que Patricia soit enceinte, n'en parlant qu'une seule fois, c'est d'ailleurs sur ce passage que les rapports et les réactions révèlent clairement un certain irréalisme laissant large place à la construction artistique du récit et non pas au reflet de la vie.