Samuel est interne, proche d'obtenir son diplôme d'infirmier et futur papa. Jusqu'au jour où sa femme est kidnappée devant lui par des ravisseurs exigeant de faire libérer un patient résidant dans son hôpital, un compte à rebours mortel commence : il a 3 heures pour parvenir à sa mission.
A l'apparence classique le scénario évolue rapidement et arbore rapidement un ton noir à l'ambiance pessimiste, la noirceur autant atmosphérique que scénaristique est flagrante et caractérise de plus en plus les rares films d'actions Français réussis, tel le « Pour elle » du même Cavayé ou Les rivières Pourpres 2 de Dahan. A bout portant est une véritable plongée dans les bas quartiers Parisiens, une ambiance à la braquo pour un nouveau genre de policier inspiré de ceux mis en scène par Olivier Marshall : à la fois durs et fatigués, usés moralement et physiquement, des flics torturés aux failles visibles loin de la vision idyllique de certaines séries françaises.
Le film donne tout de même l'impression de certains airs de déjà vu ( kidnapping, chantage, preuve clé sur USB, faux semblants, flics ripoux, etc ), mais tout y est restitué admirablement, c'est classique mais très réussi et on ne s'ennuie pas une seule seconde, comme captivé par une intrigue menée à 100 à l'heure.
Filmé caméra à l'épaule, Fred Cavayé ajoute une mise en scène rythmée et saccadée à un film qui gagne en nervosité, a bout de souffle on ressort presque fatigué d'un tel spectacle. Tendu, intense, violent, ce « A bout portant » est une agréable surprise qui aurait même eu le mérite d'être plus long ( 1h25 seulement ), un plaisir redemandé signe d'une efficacité qui fait mouche. Efficacité bien aidé par Lanvin, Zhem et Lellouche, ils forment un trio au top pour des interprétations viscérales et appliquées. Le premier est bourru et affiche sa grande gueule de circonstance avec la classe qu'on lui connait. Le deuxième est imposant, discret et assez impressionnant de charisme. Le dernier est l'anti-héros parfait dépassé par des évènements qu'il ne contrôle pas, génial Gilles Lellouche.
Cavayé confirme là son talent pour le film d'action, fait assez rare dans un cinéma français qui ne semble bon qu'à produire de lourdes comédies et mélodrames déprimants. Après l'excellent « Pour elle », il confirme avec cette nouvelle réalisation sans temps mort ni longueurs, aidé par la musique énervé du réputé Klaus Badelt ( Pirate des Caraïbes, Gladiator ) , ça balance !
Dans la veine de « Ne le dit à personne », des « Mesrines » ou de « Pour elle » Fred Cavayé réalise un très bon film d'action à la distraction totale, bien que trop court et au scénario classique mais au style tellement efficace, on adhère.