Que donnerait une intrigue d'Agatha Christie écrite et mise en scène par Rian Johnson ? Knives out, sans aucun doute. Déjà, et comme à chaque fois avec Rian Johnson, la photographie est très belle. Les yeux de Daniel Craig n'ont jamais eu autant cette couleur bleue canard WC que dans ce film et c'est plutôt joli il faut l'avouer. Plus sérieusement, il y a du travail sur les nuances de couleur sur les visages, sur les contrastes et sur la lumière. Tout brille mais de façon jolie et naturelle et j'aime beaucoup cet aspect visuel.
J'ai l'impression que Johnson a voulu mettre le plus de retournements de situation possibles en se mettant tout de même à la place du spectateur qui veut pouvoir suivre tout ça en s'amusant et ne pas trouver l'ensemble indigeste.
Johnson pose donc des fusils de Tchekhov partout dans son film et les appuie bien par le montage et par des gros plans pas du tout subtils mais terriblement efficaces. Benoît Blanc ? Le personnage semble être écrit comme un mélange entre Hercule Poirot et Frank Drebin. Il n'atteint jamais la classe du premier ni la débilité du deuxième, ça en fait un détective attachant et pas trop dans le cliché des détectives tarés que les fictions affectionnent tant de manière générale.
Car tout est question de dosage et Johnson réussit plutôt bien à doser entre les effets de surprise et l'avancée de son histoire ici. La musique est très bien utilisée et fonctionne très bien. Enfin un réalisateur qui laisse la musique s'exprimer de temps en temps et à juste titre puisqu'elle est bonne ! Les acteurs sont bien dirigés et la mise en scène regorgent de petites astuces visuelles qui dynamisent le tout, là où beaucoup de réalisateurs auraient fait quelque chose de très plan-plan avec le même scénario.