Un coup de vieux rendu par une rivière de sang...

Il s'agit du premier film de guerre pacifiste qui eut une portée retentissante. Une étape clé dans l'histoire du film de guerre, et même dans l'histoire du cinéma. Les trublions comme ce producteur Carl Laemmle sont le genre de personnages par lesquels des projets audacieux peuvent voir le jour. Et autant le dire d'emblée, pour un film des années 30, A l'Ouest rien de nouveau est carrément révolutionnaire. La scène d'ouverture m'a littéralement ébahi avec ce long travelling arrière qui s'achève dans la salle de classe. Bon dieu, on dirait presque du Kubrick. La photographie de lumière spectrale m'évoquait l'expressionnisme allemand, puis cette série de plans très secs sur les visages remettait le film dans la droite lignée d'Eisenstein. Puis la salle se vide et le silence tombe, sur le tableau est resté une inscription bien nette...Magistral ! Ma foi, malgré quelques défauts plus ou moins gênants (jeu des acteurs pas toujours au top, manque d'existence de tout les personnages du groupe de soldat, rythme inégal et absence de musique), Lewis Millestone nous a taillé une œuvre d'une puissance hallucinante pour son époque. Ces travellings qui longent les tranchées où les soldats attendent la vague ennemie dans la brume, cette violence inédite à l'écran jusque dans les années 60 (j'ai été surpris par le plan subliminal des mains coupées restées accrochées aux fils barbelés), les attaques en caméra subjective, les moments de pure virtuosité qui jouent sur la menace hors champs...bref c'est du lourd, pour qui est rompu à la connaissances de quelques codes du cinéma par décennies, A l'Ouest rien de nouveau est une surprise phénoménale et oui, il mérite un titre de chef d’œuvre. Reste que certains aspects purement superficiels le vieillissent, mais le fond restera à jamais éternel, amen pour la dernière image d'une beauté abyssale.
SylentWolf
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le 5 mai 2014

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SylentWolf

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