Par où commencer ?


Il y a des films qui sont mauvais mais qui se regardent quand même avec plaisir. Il y a des films dont on arrive à passer outre les défauts. Car on aime les acteurs, l’esthétique, la musique ou peu importe.
La Boussole d’or n’est pas de ces films-là.


Je peux comprendre les nécessités de tronquer des passages, en raccourcir d’autres, quand c’est dans le but de raconter l’histoire autrement dans le cadre d’une traduction au cinéma. Mais là tout semble fait en dépit du bon sens. Pourtant le film arrive à faire croire l’inverse dans ses premières minutes, où l’on voit Lyra et Roger contre les gitans. Pas une mauvaise idée d’introduire Lyra de cette façon, et en voyant Billy Costa appelé son daemon Ratter on tique mais on comprend le besoin d’aller au plus efficace et donner à Billy le rôle de Tony Makarios peut fonctionner. Pas de chance ça sera peut-être la seule bonne idée du film question adaptation. On n’en saura rien car sitôt Billy récupérer par Lyra après le séjour de celui-ci à Bolvangar il est oublié, par le film, les personnages et donc nous. Et tout le film sera pareil. Sitôt Lyra emmenée par Mme Coulter, tout va s’enchainer rapidement et au dépit du bon sens. Pourquoi les Samoyèdes emmènent-ils Lyra voir Iofur (renommé Ragnar), alors que le royaume des ours est beaucoup plus loin que Bolvangar ? Ce qui entraine des incohérences non seulement géographiques mais dans l’intrigue même. Pourquoi Lyra saurait-elle que le Magisterium étudie les daemons a Bolvangar puisqu’elle n’y pas encore allé. Et ensuite Iorek accepte de l’y emmener alors seule alors que les Gitans s’y dirigent aussi ?


Comme si l’inversion de ces deux parties du roman ne suffisait pas, le film n’a aucune subtilité dans sa manière de représenter le Magisterium. C’est des moines catho les mecs, alors que Pullman se montrait assez fin n’étant critique d’aucune religion en particulier mais des organisations qui utilise la religion pour asservir (en gros). Tout est simplifié (les ours) ou explicité clairement dans des scènes qui ne servent à rien et alourdissent le film. Mme Coulter qui se fait remettre les espions mécaniques, Asriel qui se fait attaquer par les Samoyèdes. Je comprends le besoin de montrer Nicole Kidman et Daniel Craig (sous-exploités dans le film) mais, les gars, si vous vouliez l’occasion de les faire briller il ne fallait pas couper les derniers chapitres du roman (parce qu’ils ont été filmés !!). Maintenant on se retrouve avec une conclusion qui n’en est pas une et qui n’a aucun sens. La réalisation de Weitz n’aide pas, on s’ennuie pendant les scènes de combats, les paysages ne sont jamais mis en valeur, le monde n’est jamais vraiment incarné. Comme Yates dans les Harry Potter, il semble penser que beaucoup d’effet spéciaux égal mise en scène.


Pourtant le casting est bon, Mme Coulter et Lord Asriel sont hyper bien choisis, même si les acteurs n’ont rien à jouer, à l’instar d’Eva Green que l’on doit voir 1m30 en tout. Les effets spéciaux même s’ils commencent à vieillir sont réussis, les daemons sont très expressifs, Pan en particulier (les mauvaises langues diront que c’est le seul daemon qui a un temps de présence à l’écran conséquent et elles auront raison). J’aime bien aussi la façon dont Lyra utilise l’aléthiomètre, très visuelle. Ensuite je ne suis pas trop d’accord avec l’aspect steampunk de film (et le ballon de Scoresby est trop moche) même si niveau dépaysement, ça fonctionne assez bien.


Enfin, la musique de Desplat est tellement anonyme et oubliable. On a dû lui dire que le film était prévu pour Noël et il a fait une musique de film de Noël.


Ratage presque complet (Daniel Craig en Asriel c’était quand même parfait) donc pour cette première adaptation de His Dark Materials (please BBC, you’re our only hope !). Heureusement pour les spectateurs la suite n’aura jamais vue le jour. Dommage pour New Line qui comptait en faire son nouveau Seigneur des Anneaux. D’ailleurs le film commence de la même manière que La Communauté, avec une voix off introduisant le film. Sauf que cette fois elle révèle un élément censé être découvert dans un dénouement qui finalement ne sera jamais montré. Par où commencer ? Et bien pas par là.

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le 30 déc. 2018

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PierrotDameron

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