Les deux femmes ce sont Marina et Jane.
La première, Marina, est plaisante, souriante, dansante et aimante. Elle virevolte et elle virevolte et elle virevolte autour de Neil, son bourdon de mari (enfin qui ne l'est pas encore - un mari, pas un bourdon - mais qui le sera quand le prêtre, joué par un Javier Barden plus convaincant en amant torride ou tueur sadique qu'en prêtre d'Oklahoma (je n'ai rien contre l'Oklahoma), bref quand ce prêtre les y autorisera. Mais revenons à nos bisons.
La deuxième femme, Jane, est elle aussi plaisante, souriante (mais moins virevoltante) et elle aussi en pince pour ce Neil qui a décidément beaucoup de chance en matière de conquête nuptiale.
On pourrait en déduire que le bonhomme se réjouit d'être ainsi désiré.
Eh bien ce n'est pas l'impression qu'il donne. Loin de là.
Premier quart d'heure, monsieur semble n'être absolument pas concerné par ce qui se passe autour de lui. Rarement vu un personnage aussi vide. Pas un mot, pas un sourire, rien auquel se raccrocher pour se représenter un minimum de quel bois il est fait. Qu'il soit entouré de sa femme n°1 ou de sa chérie n°2, avec la gamine toute sympa ou avec les gens à son boulot, il semble toujours faire la tête, ne décroche pas une syllabe, le regard au loin, comme un vrai cow-boy de publicité. Même lorsqu'il a le Mont Saint Michel pour lui tout seul - ce qui est tout à fait improbable cela dit en passant quand on sait les hordes de touristes qui occupent les lieux en permanence - avec sa compagne virevoltante, Neil semble absent. Dans la lune ? Bref, il traverse le film comme un zombi.
Le seul moment où il semble enthousiaste c'est lorsqu'il croise des animaux presqu'aussi taiseux que lui : les bisons ! On a alors le droit, une énième fois, à cette musique lyrique (céleste ?) et ces grands mouvements de caméra qui font désormais la signature de Terrence Malick. Une façon de filmer ultra planante qui faisait tout le charme de La Ligne rouge car distillée dans un récit un tant soit peu réaliste mais qui ici impose quasiment en continu sa tonalité asphyx(ch)iante. Du coup on se lasse de tant de vide et de platitude.
Oui, et c'est une immense déception, le film m'a laissé aussi indifférent que le sont les bisons de la scène en question. Je l'ai même laissé en plan, je l'avoue, aux trois-quarts, pour aller brouter quelque petit film vers d'autres cieux moins prétentieux.


Personnages/interprétation : 3/10 (bonus de + 1 pour le jeu des bisons)
Histoire/scénario : 3/10
Mise en scène/réalisation : 3/10 (je crois que je suis gentil là)


3/10

Theloma

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7
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