Seulement deux ans après The Tree of Life (2011), Malick sort son nouveau film lyrique. To the wonder raconte l’histoire banale de Marina (Olga Kurylenko) et Neil (Ben Affleck) un couple qui voit leur mariage se désagréger alors que ce dernier rencontre une ancienne camarade de classe (Rachel McAdams). Ce film se présente comme une œuvre autobiographique bien que Malick ne l’ait pas confirmé, son dernier véritable interview remontant à 1974.

To the Wonder s’ouvre sur Paris, Marina habitant en France et Neil aux Etats-Unis. Malick nous fait grâce des plans devenus clichés de Notre Dame ou de la tour Eiffel, préférant filmer les squares et parcs de la capitale. Cette introduction montre l’unité des deux protagonistes, unité figée par un cadenas sur le pont des arts. Paris ville romantique, leur amour semble éternel. Ce prologue un peu barbant, amour à Paris, au Mont st Michel, à Oklahoma n’est pas rehaussé par la voix off. Ce procédé devenu plus que narratif et qui fait force dans le cinéma de Malick m’apparait ici pesant et bien trop présent. La puissance des images chez ce réalisateur n’est elle pas suffisante pour s’extirper des évidences de cette technique ? Si Malick avec To the Wonder a voulu faire son film muet (à l’instar d’un 2001 de Kubrick), il aurait surement gagné en intensité en la supprimant, en ne laissant que quelques bribes. A noter qu’elle est présente tout le long du film et souvent du point de vue d’Olga Kurylenko qui n’est peut être pas le personnage le plus intéressant… Javier Bardem interprète un pasteur, son jeu est brillant, sa présence magnifique, ses scènes fascinantes. On aurait aimé qu’il soit plus présent à l’écran. Durant le film on suivra donc l’amour chez Marina et Neil mais aussi l’amour de Bardem pour le divin. Les interventions du pasteur sont à chaque fois un seuil dans son amour mais aussi dans l’amour de ceux qui le fréquentent. Ainsi sa première apparition introduit le doute dans l’amour. Doute incluant un vertige pour Marina que Malick nous fait ressentir à travers des plans de fêtes foraines renversants. L’amour est mis au défi tandis que Bardem doute de sa croyance divine, on notera le plan magnifique ou il essaie de ressentir à nouveau la chaleur divine en posant sa main sur un vitrail. Par divin il ne faut pas entendre, comme toutes les critiques qui ont descendu le film pour son côté sacré, l’adoration d’un dieu mais l’adoration de la beauté dans tout objets, de l’amour et de la vertu dans chaque personne. Dieu est partout puisqu’il vit en tout. Bardem s’exalte pour toutes ces choses et c’est à cela qu’il se raccroche , c’est en cela que le film peut être vu comme religieux. Bardem incarne l’amour par le doute puis par le choix et enfin par le devoir. Chaque personnage revendique un amour, la fille de Marina revendique un amour maternel, ce qui la fait détester son beau-père par jalousie. Récitant du Rimbaud, elle veut fuir le nouveau foyer, fuir l’amour de sa mère pour son beau-père. Elle ne souhaite pas partager son amour. Bardem, Neil et Marina sont à la recherche d’un amour perdu, Bardem dans les hommes, Marina pour Neil, Neil pour son passé. Ce dernier veut retrouver un temps révolu, nostalgique, il n’arrive pas à faire des choix. L’objet en verre qu’il fait tourner sans cesse en est l’image. C’est un homme qui reste toujours dans l’indécision : choisir Marina ou son ancienne camarade, choisir de vivre dans le passé ou dans le présent, choisir de vivre à Paris ou aux Etats-Unis, choisir de continuer le chantier ou l’arrêter comme la population le demande. Lorsqu’il décide d’épouser Marina c’est pour espérer sauver son couple. Marina qui n’est pas dupe décide de tester l’amour qu’elle porte pour Neil en couchant avec le premier inconnu.

La suite ici : http://lecinemadughetto.wordpress.com/2013/02/20/to-the-wonder-2013/
Adrien_Dal_Bello
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le 25 sept. 2014

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