Cette critique fait partie de la liste "John McTiernan, the Last Action Hero".
https://www.senscritique.com/liste/John_Mc_Tiernan_the_Last_Action_Hero/1604222


Bien que les droits du roman homonyme de Tom Clancy -sorti en 1984- aient été acquis par le producteur Mace Neufeld l'année suivante, il fallut attendre presque 4 ans avant qu'un studio ne décide de s'engager.
En effet, la Guerre Froide était encore d'actualité -et ce, jusqu'à l'effondrement du Bloc Soviétique en 1991- donc le sujet du roman était par trop sensible aux yeux des exécutifs.


Finalement, la Paramount se laisse convaincre par le scénario du tandem Larry Ferguson/Donald Stewart, tandis que Neufeld obtient la bénédiction de l'U.S Navy pour collaborer étroitement au projet.


De fait, la Navy va permettre à l'équipe du film de tourner sur leurs différents bâtiments (tels que le USS Houston -qui figurera le USS Dallas dans le film- l'USS Louisville apparaissant dans la scène où Ryan saute de l'hélicoptère, les frégates Reuben James et Wadsworth...
Bref, tout ce qui apportera une certaine crédibilité dans le traitement illustré à l'écran.


Il est décidé très tôt que ce sera John McTiernan qui réalisera le film. De fait, il ne pourra tourner un certain film du nom de Die Hard 2...
Mais ça ne chagrinera pas McT pour autant, car il dit:


"I was fascinated by this story when I read it five years ago. I had since the chance to work on this project and to surround myself with actors that I wanted to direct for a long time"


Quant au casting, c'était l'acteur Allemand Klaus Maria Brandauer qui devait interpréter le rôle de Ramius, mais il se brisa la jambe peu avant le tournage.
Il recommandera donc son ami Sean Connery pour le remplacer.
Cependant, celui-ci déclinera la proposition une première fois, arguant que la Guerre Froide était dans sa phase terminale et que le film serait donc sûrement obsolète à sa sortie.
Mais il se ravisera après avoir compris son erreur: il avait omis de lire la première page du script, qui mentionnait que le film se déroulait en 1984 (soit dans une période encore critique, donc crédible)!


Le personnage de Jack Ryan a été proposé à Harrison Ford, qui refusera tout net car il trouvait que Ramius était trop mis en avant (ce qui ne l'empêchera pas d'accepter le rôle pour les deux séquelles suivantes...).


Une fois tout bien en place, le tournage put enfin commencer en Mars 89.


Le plus complexe fut les scènes impliquant les maquettes des sous-marins.
Ainsi dit McT :


"-It was the special effects that caused me the most of the problems.
These include submarines, how to see them underwater at such a distance that -if we would be realistic- there would be no light, so no image".


Qu'en est-il du film?


Red October est à nouveau un film mémorable de McT, mais pas dans le même genre que ses précédents.
En effet, nous avons affaire à un long métrage politico-militaire à tendance guerre psychologique.
Pas ou peu d'actions, tout se joue avec les mots, les regards, les situations à haut risques.
On y parle d'une éventuelle 3ème Guerre Mondiale et par extension, d'une Apocalypse nucléaire quand même!


On sent que McT s'est fait plaisir et a peaufiné son film avec amour (comme d'habitude, la première mouture du scénario s'est vu adjoindre quelques réécritures -par David Shaber, Robert Garland et même une petite contribution de John Milius, pour les scènes en Russe- histoire de donner plus de profondeur mais aussi de clarté), simplement par respect pour son public:


"-There is simply the desire to distract the public.
I like to think that people get their money's worth and that helps me in my work."


On en retiendra donc le jeu impérial de Sir Connery, l'interprétation excellente d'Alex Baldwin ainsi que de Scott Glenn, sans oublier la présence rassurante de James Earl Jones et celle d'un petit nouveau (du moins, dans les films US car sa carrière a commencé bien plus tôt dans son pays d'origine) soit Stellan Skarsgård...
A savoir que Connery et Glenn ont été promu "Commandant d'Honneur" sur deux submersibles après y avoir passé quelques semaines: dans la pratique, ils "commandaient" en doublon avec les véritables Commandants des sous-marins...


Red October nous offre de grands moments, comme le passage du Typhoon (le nom donné par l'OTAN aux submersibles de Classe Akula) dans le canyon océanique des Jumeaux, les éclairages figurant les différents intérieurs des sous-marins (vert pour le Kovolanov, rouge pour le Red October et bleu pour le Dallas), les messages en morse entre Octobre Rouge et le Dallas..
Il y a aussi le fameux tour de passe-passe pour glisser du Russe à l'Anglais, à l'aide d'un mot pivot: Armageddon (qui se prononce de la même manière dans les deux langues).


A savoir qu'originellement, Red October devait être le premier épisode d'une trilogie que McT et Baldwin devait faire.
Mais comme ce fut Patriot Games qui fut choisi pour être le second film, cela posa un problème moral au tandem: en effet, Baldwin et McTiernan étant tout d'eux d'origine Irlandaise, ils ne cautionnaient pas vraiment la manière dont était dépeint la cause de l'IRA dans le scénario.
Non pas qu'ils supportaient leurs actions, mais parce qu'ils avaient eus des proches qui avaient pâtit des rafles de la police Britannique dans le passé...


C'est fort dommage car le concept du duo était de montrer l'évolution de Jack Ryan:


"-"I want to make three films with this character, and I want him to be an idealist first, lost in the middle of the action and at the end of the third part, I want to see him in a zodiac on a river in the middle of a tropical forest, a machine-gun in his hands and a cigar on his mouth..."


Mais le sort (en fait le studio) en a voulu autrement et nous n'avons plus qu'à imaginer ce que ça aurait pu donner...


Alors encore une fois...merci John !


"Moscow's not the worry, neither is the whole Soviet navy.
I know their tactics, I have the advantage.
The worry is the Americans.
If we meet the right sort, then this will work.
We get some... buckaroo...?"

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le 11 févr. 2017

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The Lizard King

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