Casey Newton, une adolescente calée en physique et en astronomie, tombe sur un artefact la projetant temporairement dans un monde futuriste appelé Tomorrowland. C’est en rencontrant le quinqua Paul Walker, ex-inventeur de génie, qu’elle va tenter de percer le secret de ce monde fantastique.


Inspiré d’une attraction Disney des années 1950, Tomorrowland (en VO) est un projet particulièrement ambitieux emmené par Brad Bird depuis son annonce officielle il y a quatre ans sous le mystérieux nom de 1952. Le réalisateur des Indestructibles se consacre à cette grande fable SF au point d’avoir refusé de prendre en main le retour de Star Wars sur nos écrans ! Un choix qui force le respect et permet de mieux apprécier le cœur mis à l’ouvrage dans cette agréable poursuite de demain.


Pourtant, on ne peut pas dire que ça commence sur les chapeaux de roue puisque le film prend très vite un virage axé grand public. La peur de devoir supporter deux heures d’enfantillages semble se confirmer au fil des minutes par la naïveté des gentils petits enfants plein de rêves dont on suit les pérégrinations fantastiques. Le changement s’avère pourtant aussi bref qu’inattendu lorsque les bases de l’histoire sont posées et que l’on se penche sur le personnage de Casey, une fois que la ravissante jeune femme découvre un étrange pin’s aux effets hallucinogènes. D’ailleurs c’est toujours assez marrant que les américains mettent des acteurs de 25 ans pour jouer des personnages censés en avoir 16. Pas à pas, nous découvrons en même temps qu’elle l’incroyable ville futuriste de Demain, grouillante de détails, d’une esthétique magistrale et teintée d’un idéalisme à faire rêver les grands enfants que nous sommes.


En effet, tout un imaginaire à été créé autour de cette cité qui est une actualisation dans la manière de voir le futur dans la société américaine de l’après guerre. Un air persistant de vintage 50’s berce nos rêves les plus fous d’une société ultra moderne où la joie accompagne aussi bien le progrès scientifique que social. Le film appuie sur ce point en tentant de présenter une vision positiviste du film d’anticipation. Une manière finalement détournée et pas désagréable d’appréhender un sujet de SF vu et revu. Cela découle sans doute dans une certaine mesure du cahier des charges Disney qui oblige à ses réalisateurs de promouvoir l’amour et le paix dans nos chaumières.


Difficile de ne pas penser que le film n’ait pas été bridé par cet aspect « tout public » car le propos ne décolle jamais vraiment en même temps que le scénario se déroule de manière très balisé. Ce n’est pas la poursuite de demain qui vous retournera le cerveau avec des twists mais plutôt une affaire bien proprette où les gentils mettent 10 minutes à mourir dans vos bras et les méchants ne sont pas trop trop méchants. Celui ci est joué par Hugh Laurie, seul caractéristique intéressante d’un sénateur Nix caricatural.


Nix ? Tiens, ca sent le coup de gueule politique mal caché. Les clins d’œils du genre sont assez nombreux et bien gras comme le nom de famille de notre héroïne (Newton) qui est bien sur une pro en physique et balance des pommes à la tronche de son père bossant à la NASA. Mais ce sont surtout les placements de produits incessants, surtout dans la première partie du film, qui laissent penser qu’on nous prend un peu pour des jambons. Sans doute pour limiter un éventuel échec commercial, Disney a décidé de placer un max de pubs sur lui et même de teaser le prochain Star Wars ! Eh oui car dans le décor d’une boutique geek on trouve un paquet de goodies, d’objets cultes de la saga et même le fameux thème musical pour introduire un personnage.


N’oublions pas de parler de ce cher Georges Clooney qu’il s’avère surprenant de voir dans A la poursuite de demain, lui qui devient un habitué des productions indépendantes. Le père Georges passe toujours bien à l’écran, à l’aise et charismatique tout en démontrant une fois de plus que les personnes avec un minimum d’humour lui vont comme un gant. Cependant, ce sont surtout ses dialogues avec la jeune Raffey Cassidy qui remportent le gros lot puisque les deux personnages sont diamétralement opposés mais échangent comme deux adultes qui se connaissent depuis des lustres. C’est ce genre de grain de folie qui donne son charme au film.


Il manque quelque chose pour rendre A la poursuite de demain culte. Doté d’une sacrée direction artistique et de quelques aspects savoureux et orignaux (comme la Tour Eiffel en plateforme de lancement pour fusée !), l’ambitieux projet de Brad Bird donne l’impression d’être bridé dans une trame scénaristique trop petite pour lui avec une morale somme toute très discutable. Alternant entre le surprenant et le banal, il y a de quoi rester quelque peu sur sa faim pour les cinéphiles amateurs ou même pour les moins 12 ans qui risqueront d’être perdus dans le propos du film. Mais surtout, SURTOUT, ils auraient dû s’abstenir de nous mettre l’horrible chanson « It’s a small word » en tête.


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ZéroZéroCed
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le 1 juin 2015

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