A MON ÂGE JE ME CACHE ENCORE POUR FUMER (14,2) (Rayhana Obermeyer, ALG/FRA, 2017, 90min) :
Au sein d'un hammam d'Alger en 1995, à l'abri des réprobations et de la malveillance des hommes d'audacieux portraits de femmes ou les langues se délient sans tabou. Adaptation de la pièce éponyme par la même auteur, la réalisatrice propose une mise en scène en huis clos, dans un lieu chargé de symbole antique, où les corps et les âmes se mettent à nus. La caméra libre, toujours bienveillante et sans impudeur, au plus près des femmes n'empêche malheureusement pas le côté théâtral où par exemple chaque déplacement est réglé au millimètre ôtant ainsi un peu l'aspect totalement naturel des nombreuses discussions. La réalisatrice utilise de façon parfois trop appliquée sa narration littéraire et audacieuse mais dresse malgré ce défaut, une magnifique auscultation de la condition féminine alors que l'intégrisme religieux et la guerre civile gronde à la porte. Cette œuvre en forme de plaidoyer choral pour les libertés (la cigarette étant le symbole de l'interdit pour une femme) bénéficie d'une troupe de comédiennes épatantes notamment Hiam Habbas, Maymouna, Nadia Kaci, Fadila Belkebla et Biyouna pour relayer au mieux le formidable courage de ces femmes. Une fable d'émancipation drôle, parfois poignante qui dévoile intelligemment, dans ce théâtre humide, tous les conflits à fleur de maux jusqu'au plan final d'une force symbolique inattendue. Sincère. Éloquent. Humaniste.